L’ART DÉCORATIF l’Enfant d’Austerlit; redevient celui d ‘Ètre et d’En Décor ; la nature-morte puissante du Poisson en gelée ; les deux Liseuses enfin, surtout celle avec un chapeau, qui est un morceau pour le Musée du Luxembourg. Il faut ajouter à tant d’oeuvres quelques- toiles récemment achevées : un grand portrait de M. Francis Vielé-Griffin et ‘de sa famille, d’un coloris très chaud et très varié, où l’ar-rangement atteint à l’extrême science, et surtout deux portraits, l’un de M. Lucien Simon, l’autre de M. Claude Debussy. Là, les recherches de M. Blanche sont pleinement exaucées. Des vêtements noirs, du linge blanc, un bras de fauteuil, la clarté des mains et des têtes, l’absolue nudité grise des fonds, c’en est assez pour que se concentre l’étude appro-fondie des regards, des bouches, des plus subtiles nuances de l’épiderme. De la contem-plation entièrement sincère nuit la suggestion psychologique. Ce sont des portraits d’orga-nismes et ce sont des portraits d’âme. La peinture techniquement robuste et mora-lement inquiète de M. Simon, la musique mystérieuse et sensuelle de M. Debussy sont là tout entières. Ces deux portraits sans tapage, d’une noble tonalité, d’une tenue aussi franche que les Manet et aussi stricte que les Whistler, sont deux chefs-d’oeuvre. Telle est l’évolution de M. Jacques Blanche, avec ses fluctuations, ses lentes précautions, et tout à coup, depuis 1896, son épanouissement saisissant. Voici un peintre qui, sur beau-coup de points, a pré. cédé les intimistes ac-tuels, et apporté dans les Salons une note de délicatesse et de vérité qu’il ne faut point confondre avec l’élégance superficielle d’un mondain. A un moment où, sur les ruines de l’école, s’in-stallait un peu tapa-geusement la rutilance de l’impressionnisme, M. Blanche a, sans aucun doute été un exemple de mesure, une référence libre aux maîtres, un type d’har-moniste conscient et sobre, mêlant curieu-sement les intuitions du modernisme et la confiance dans la le-çon des morts, sans ser-vile imitation de leur style, mais avec le respect de leur exemple. M. Jacques Blanche offrira peut-être au critique l’étude la plus significative des pré-occupations actuelles des peintres de style; ÉTUDE D’ENFANTS son évolution les re,