L’ART DECORATIF Manet et de Stevens. Il fréquenta quelque temps chez Manet, déjà malade et près de sa douloureuse tin prématurée. Il avait passé par l’atelier de M. tœrœx, à l’époque où cet artiste donnait, avec les Commniantes, le Rolla et certains nus, de belles espérances auxquelles ont est peiné d’avoir du renoncer aujourd’hui. Là, d’ailleurs, M. Blanche ne dut pas apprendre grand’chose, le parisianisme et la vogue de son maitre étant déjà beau-coup trop brillants et superficiels pour ne pas intimider sa nature nuancée de mélan-colie et éprise de discrétion silencieuse. La superbe franchise, si large et si saine, de Manet, la précision un peu morne mais si sérieusement picturale, si racée, de Stevens, laisseront plutôt des souvenirs perceptibles dans son œuvre récente. M. Blanche connut à Londres l’illustre Whistler, qui, s’inté-ressant à ses débuts, consentit à le conseiller ét à lui donner le plus précieux des exemples en travaillant devant lui. A partir de ce moment, la personnalité de l’artiste s’élabora, non sans peine. Il devait en effet passer plu-sieurs années à produire des œuvres qu’ins-pirait son admiration immédiate pour des amis contemporains qui lui semblaient avoir trouvé du nouveau, et il devait, presque desservi par la modestie, travaillant avec peine, ne s’apercevoir que plus tard, en mûrissant son œuvre, que son admiration s’adressait, à travers ses amis, aux maitres dont ils n’étaient que les reflets. Cette évo-lution difficile, nous l’avons tous accomplie de vingt à trente ans, et les plus sages sont ceux qui mu commencé seulement à cet âge à montrer leurs tableaux ou leurs livres. Mais ce n’est pas toujours possible, non seulement à cause des nécessités matérielles qui donnent au travail une obligation et une sanction si urgentes, mais encore à cause du besoin qu’éprouve tout artiste de mon-224 REVEIL DE LA PETITE PRINCESSE ver se qu’il fait, de consulter, de fortifier sa conscience par des références étrangères. Le jour rit toute cette période hésitante est close, où l’on se trouve en présence de quelques notions claires, rit l’on comprend dans les maures ce qui ne s’enseigne pas, où on les débarrasse de tout le respect con-venu pour leur en vouer un autre plus sin-cère, l’hommage d’une digne continuation de leurs immortelles et simples lois, – cc jour-la on touche à une joie spéciale, celle de mesurer exactement les rapports de son talent et de sa vocation. M. Blanche avait « la vocation », le dé-sir très net de séparer son goût des belles choses de son vœu d’en peindre, l’amour de l’effort pour l’effort, le besoin d’une certi-tude morale construite sur le travail. Rien de tout cela d’ailleurs ne nous eût dotés d’un beau peintre, si ce volontaire n’avait eu aussi une sensibilité aiguê et un don vivace que développa et fortifia l’heureuse