L’ART DECORATIF assez mal: Il a étudié l’orientation de chaque pièce, comme je l’écrivais plus haut, obéis-. sant aux destinations spéciales et à.des besoins qui fréquemment se combattent et se para-lysent; il s’est ensuite préoccupé de propor-tionner la dimension des baies au cube des salles à éclairer, assignant à ces baies la place la plus propre à la diffusion de la lu-mière ; il a calculé les prises d’air et la quantité de calorique nécessaire à chaque pièce. De la solution de ces différents pro-blèmes, lignes primordiales de son scenario, il a patiemment déduit la forme et l’empla-cement des fenêtres qui prennent une place voulue, presque indispensable dans les élé-vations. Ces préoccupations multiples et peu communes, je le confesse, amèneront proba-blement un sourire d’étonnement ou de dédain sur les lèvres des nombreux virtuoses que ne préoccupe, dans l’architecture, que le majestueux ordonnancement d’une façade et l’alignement symétrique, comme une com-pagnie de grenadiers prussiens, de fenêtres éclairant soit les pieds, soit le ventre, soit la tête des occupants, de fenetres s’ouvrant indifféremment sur un cabinet de toilette insuffisant on sur un salon trop immense, de fenêtres coupées par la montée d’un esca-lier ou le plancher d’une soupente intem-pestive, des fenêtres muettes et sottes qui ignorent ce qui se passe derrière elles et semblent toujours en train de réciter un mor-ceau choisi pour collégiens de troisième ou de seconde ; mais ces préoccupations forment la base même du plus honnête, du plus sin-cère des arts, et c’est à elle que nous devons les chefs-d’œuvre de marbre, de granit et de pierre dont s’enorgueillit l’humanité. Que M. Henri Sauvage continue donc à suivre -la route où il s’est courageusement engagé! des oeuvres comme la villa Majo-relle en apprendront plus sur l’architec-ture du XX. siècle que l’Opéra-Comique et tous les palais, petits et grands, de l’avenue Alexandre II. FRANTZ JOURDAIN. H SAUVAGE