AOUT 1902 avant l’âge, le prendre pour le thème anti-cipé de leur inquiète recherche du caractère. Aucun, ou presque, ne le situe à son âge et ne fait paraître sur le visage enfantin les sentiments qui lui sont propres : niés au seul profit de l’éclat des yeux et des lèvres, ou exagérément affirmés, ils se superposent à sa véritable psychologie, même chez Carrière et même chez Renoir. Il était réservé à Miss Mary Cassatt de trouver la juste mesure. C’est peut-etre le premier peintre d’enfants qui ait existé depuis bien longtemps à cause de ce tact exquis. Il faut y joindre l’attrait d’une exécution de haute valeur, d’un coloris qui, sans être pleinement révélateur, se réfère à une harmonie chaude, dorée. sans jamais ravaler l’importance des plans, l’ordonnance des lignes, résidés:eu de du geste et du décor. Il importe peu qu’une telle artiste, à l’écart des Salons, des faciles et incompréhen. sibles louanges de la critique courante, ait seu-lement obéi à son plaisir de peindre et y ait voulu trouver le seul prix de son effort, avec l’estime où la tiennent un public restreint de confrères et d’amateurs. Elle a été fidèle sans servage au groupe des premiers im-pressionnistes: après en avoir partagé dignement les vicissitudes, elle en suivra la fortune. Manet persista à se présenter aux Salons dans un sentiment de chef d’école, convaincu de la bonté de sa cause et de son droit à se montrer sincère et entière au grand public dans sa noble intran-sigeance. Miss Cassatt a préféré, par aristocrati sme, se ranger auprès de Monet, de Degas, de Renoir, com-batifsdansleur art et arnou. rens du silence dans leur vie, trouvant plus noble l’exclusion et s’en re-mettant aux années et à la justice immanente. Liceuvre de Miss Mary Cassatt, devant cette jus-tice qui du moins en art garde sa valeur ina-liénable, apparaîtra singulièrement cohérente et significative dans ce dernier grand sursaut de spontanéité de l’école française au XIX° siècle. Ce qu’elle a fait, nul ne l’a fait de la même manière elle a conquis sots origina-lité par sots grand, sots sérieux amour du travail sincère, avec un sens heureusement précis de la destination exacte et des limites naturelles de son tempérament et de son art. CAMILLE MortcetR. i85 LA 1’011.11T