L’ART DÉCORATIF pêches, des bouches de cerises, des mousse-lines claires, des menottes potelées; c’est là que se plaît l’étude attentive de l’artiste d’outre-mer, éprise de jeunesse et de santé, lorsque le décor des étoffes à fleurs, des linges frais, des porcelaines, des tubs miroi-tants où se reflètent les petits corps lisses ne contente plus sa fantaisie soumise à la vérité. En tout cela Miss Mary Cassatt réalise une vision de grâce instinctive, elle cueille des motifs délicats, elle goûte le parfum de l’heure entre toutes heureuse, et il y a en elle un grand amour de ces choses. Et il est inutile qu’elle cède au désir de marquer sur ces fronts infantiles la préoc-cupation du souci qui les attend, ou de faire briller en ces yeux le reflet des limbes d’où ils vinrent. Du fait seul de cette minutieuse étude du vrai, l’avenir se laisse prévoir : consultons la sé-rie de ces effi-gies d’enfants, elle nous dira qu’un observa-teur de haut mé-rite a surpris l’é-closiond’une race bien caractérisée, d’une race dont tous les carac-tères futurs sont déjà contenus aux replis d’un beau dessin complet. Ce n’est plus seu-lement l’enfant-fleur des peintres du XVIIIe siècle, l’enfant – joujou dont la grâce s’enveloppe du luxe des costumes et qui apparaît parmi les satins, les bijoux, les plumes, comme unoiseau soyeux : ces yeux pensent, ces lèvres sont réticentes, on sur-prend déjà sous le babil des sentiments conscients et définis. L’oeuvre entière de Miss Cassatt donne bien l’impression d’une psychologie s’élaborant en même temps que l’organisme, sans le précéder, sans le suivre ; elfe a su fixer une heure ingrate, difficilement saisissable, de l’évolution humaine, et en cela elle est vraiment un des peintres de noire époque qui ont le plus naturellement touché à la constatation de la pensée à travers lu consta-tation de la forme. Nous sommes si dësi t’eux de trouver tout de suite chez un être, embryonnaire, quelque secret qui réponde aux nôtres, que nous voyons la plupart cle nos peintres poursuivre ce secret jusyuc sur le masque de la puérilité, le forcer à dire ce qu’il ne sait pas de lui-111,1,1e, le licillir .84