AOUT 1902 naturels et logiques, plaisent par la simpli-cité. C’est bien là l’oeuvre d’une Anglo-Saxonne exempte des raffinements préraphaé-lites, féminine par la tendresse des modelés et des expressions, mais robuste, mais éprise de la beauté du sang, de l’alacrité des orga-nismes sans tares, de la souple séduction des corps ne demandant qu’au grand air, à l’eau froide, à l’accoutumance des exercices, le charme que d’autres empruntent aux fards, aux ennuagements des pénombres. aux co-quettes préciosités des dentelles encadrant de précoces et pâles visages, lassés d’être avertis par l’âme dans un organisme qui s’ignore. Miss Cassatt s’est tour à tour manifestée par la peinture à l’huile et le pastel c’est un des premiers pastellistes de ce temps. Elle use de ce moyen exquis avec un éclat, un goût, une franchise rares, et en sa façon d’en user elle me semble très proche de 181 LA LEÇON DE LECTURE Manet. Comme lui elle repousse la mièvrerie qu’on a faussement accolée au nom même du pastel, elle en écrase violemment les sucs, elle profite de leur éclat floral, plus brillant que toute couleur à l’huile, mais elle broie les bâtons avec décision, comme taisait Manet, pour éclairer vivement une lèvre ou un oeil, pour restituer la pulpe d’une joue ou d’un cou, sans serrer trop ses hachures, sans estomper du doigt, en gardant à chacune des touches son éclat distinct et sans accumuler les poussières. Elle a aussi, il y a quelques années, montré une série de dis eaux-fortes en couleur: tentée à une époque où presque personne n’abordait ce genre difficile et prenant, cette série révèle une véritable maitrise chez Miss Cassatt. Des portraits, des effigies de jeunes filles, des babys, des mères soignant leurs enfants, c’en est assez pour limiter la vision et l’effort de l’artiste, et lui permettre de compter parmi