L’ART DÉCORATIF il se retourne vers le terreau primitif. Ce sont des schémas très simples de la vie. L’attitude première est celle de l’aspiration, de l’ivresse spacieuse, se dégageant des ombres de la naissance et s’élançant vers l’avenir pour traverser la phase vitale et vers le sol toutes les directions physiques et morales de son étre, et n’a plus confiance qu’en l’appui de ses pieds cherchant racine et possédant avec une crispation effrayée la terre où il rentrera. A cet âge, l’homme pro-jette l’ombre de ses gestes sur l’avenir, il rétrograde. L’enfant avance, et c’est sa spéciale beauté, téméraire, radieuse, irrésisti-blement émouvante, faite pour mettre les larmes aux yens des plus âgés. Son im-prudence désarme et séduit. Il y a dans l’enfant nu qui rit, chante, balbutie et ignore, un magné-tisme extraordinaire. C’est l’éternelle né-cessité de l’évolu-tion à travers la douleur qui s’in-carne en cette chair rose et heureuse, c’est l’Inconscient matérialisé. Tout est accouchement per-pétuel dans le secret d’un sein inconnu, tome naissance est une mort et toute mort renaît, et l’en fart en est le sym-bole saisissant. L’é-poque actuelle, psy-chologue inquiète, a Plutôt cherché à devancer l’àge de cet étre, à déchiffrer sur ce visage ébauché les pensées qui y dorment en puissance. Miss Mary Cassatt est peut-étre le seul peintre de ce temps qui ait donné de l’enfant une interpréta-tion limitée à lui-même : elle n’a pas, de-vant cet étre en formation, l’impatience de deviner sa maturité. Elle arrête sa contem-plation tranquille et sûre à la minute même où lui apparaît la créature étudiée, elle en saisit l’âme présente, et cela lui suffit pour créer une psychologie neuve, attachante et fortement inspirée de la nature. , I I rejoindre à travers elle la période posthume. L’attitude seconde est celle de l’adolescent qui porte ses mains à son front lors de la première douleur c’est à celle-là qu’on re-connaît qu’il a pris avec l’existence le contact décisif; auparavant il était ou exalté ou gauche, mais lorsqu’un premier désespoir amène ses mains à ses tempes, alors se décrète la ma-turité. Et la troisième attitude est celle de refuser, de rentrer en soi : bras croisés ou mains pendantes, vides et ne désirant plus rien étreindre, l’homme qui a compris tourne 17 8