N » t7 — . ()UT Inn? MARY COSSATT LA SORTIE DU BAIN, PASTEL UN PEINTRE DE L’ENFANCE MISS MARY CASSATT PPl le l’adulte, c’est constater un état d’éme : peindre l’enfant, c’est constater une prescience d’âme. Peindre l’adulte, c’est résumer; peindre l’enfant, c’est prévoir. L’homme et la femme se dégagent, par l’action ou la beauté, sur le fond des événe-ments de la vie présente ; l’enfant se dégage sur le fond des mystères de la vie antérieure, dont ses gestes se souviennent, et les gestes qu’il essaie dans l’existence actuelle projettent encore leur ombre au mur de l’inconnu qu’il a quitté pour entrer dans la phase de la vitalité visible. Le mystère de l’enfant est un sourire fait chair, et ses larmes ne sont déjà plus des regrets, mais pas encore des refus de ce qui lui adviendra. L’adulte pleure parfois en se souvenant de la vie des limbes; niais l’en-fant ne peut pas encore savoir qu’elle valait mieux. L’enfant s’avance, l’adulte se retourne. Nous devons la communication des photogra-phies reproduites dans cet article à l’obligeance de M. Durand-Ruel, dont bon nombre d’oeuvres de Miss Mary Cassatt sont la propriété. Tout ce que fait l’enfant le prépare à ce qu’il fera; ce que l’adulte fait l’incline vers le regret de la préexistence, ou plutôt de la vaste nuit limpide qui n’est ni avant ni après, niais qui baigne la vie de tomes parts, et que nous appelons passé et avenir, faute de mots, pour croire à la véracité de notre fugitif séjour sur la terre.. Le geste de la méditation chez l’adulte, c’est la contemplation des origines; il se penche en voilant ses yeux et son front comme pour redescendre là d’où il s’éleva. Mais tous les gestes de l’enfant montent, s’écartent de lui, aspirent à em-brasser l’inconnu et le nouveau ainsi ceux qui, à bord, s’éloignent du rivage, s’ils sont jeunes et hardis, tiennent leurs yeux fixés sur la haute mer qu’ils voudraient déja atteindre, et ce n’est que longtemps après qu’ils se re-tournent vers la ligne indistincte de la côte prête à se dérober. L’enfant imite l’arbre nouveau par la di-rection de ses gestes ouverts au ciel et cher-cheurs, nourris moins de la sève terrestre que de la lumière qui les vivifie. L’adulte se réfère à ses racines; plus il vieillit et plus .77 21 FIND ART DOC