L’ART DECORATIF bien je préférais le premier buste modelé autrefois par Niederhausern dans la sincérité de sa vision et sans retouches préconçues! Si le buste ne me satisfait pas, le socle or-nementé de trois figures de femmes me sé-duit beaucoup. Je pense que l’auteur a voulu symboliser en elles les passions hu-maines qui, enlacées, associent à la stèle le souvenir de ce qui fut la sentimentalité vo-luptueuse du poète. C’est le sensualisme, c’est l’appréhension, c’est le mystère qui chuchotent dans sa poésie. A cette heure d’après-midi, les ombres bleues jouent ado-rablement sur le monument, et ce semble une dernière caresse au sensitif qui sut si bien tirer l’essence des choses. M ». Claudel est une autre élève de Rodin. Elle expose un buste en marbre de M, la comtesse de M., œuvre remarquable, remplie de force et de vie, qui rappelle la bonite période de la Renaissance. Que ne puis-je accorder autant d’éloges à Persée et la Gorgone, dont les disproportions trop choquantes nuisent à l’effet mouvementé. La tete trop petite, la cuisse trop peu impor-tante par rapport à la grosseur des mollets, CONSTANTIN MEUNIER HOMME DU PEUPLE (BRONZE) CAMILLE LEFEVRE TETE DE FEMME (BRONZE) le torse trop long si l’on considère les jambes enfantines, cet orteil d’homme sur ce corps d’enfant, la proportion du pied par rapport à la hauteur du mollet, et surtout cette jambe droite de dix centimètres trop courte au moins et qui fait que Persée ne saurait redresser sa jambe gauche sans mon-trer l’éviLiCrICC de cette claudication ; toutes ces imperfections et d’autres étonnent de la part de Claudel, qui nous avait habi-tués à plus de science. En contraste, à côté de ce groupe malingre se dresse une mas-sive évocation de M. .lef Lambeaux, le maitre belge, La folle Chanson. Une gar-gantuesque Flamande ploie, au-dessus de ses cuisses volumineuses et de sa croupe tendue, la souplesse d’une taille fleurie de seins rebondis. L’un d’eux meurtrit la joue du faune rieur et lubrique, tandis que la Chanson fait retentir la folie de ses casta-gnettes. Un bambin de faune vient distraire du conciliabule polisson son ancetre, qui l’écarte doucement en continuant à deviser avec une insinuation dans le regard et dans le sourire de la bouche et des joues. Je re-procherai simplement que la cuisse gauche que le faune replie vers son corps manque de sa saillie logique et que le sujet en soit aplati d’une façon générale et déséquilibré vers sa base. I6o