L’ART DECORATIF de Lalique — comme on l’écrit partout et comme c’est vrai d’ailleurs. Plus il avarice, plus il grandit. Au je ne sais quoi de singulier, de trop violem-ment saisissant dans les inventions des pre-mières années a succédé peu à peu la plus radieuse sérénité. La couleur plutôt sévère et terne s’est changée en tons exquis et doux, dont il semble posséder une gamme inépuisable. Les pierres précieuses et les brillants, autrefois unité fulgurante dans la pièce, s’épandent et s’ordonnent mainte-nant sur toute sa face, et leurs jeux de clar-tés se marient dans la plus discrète et la plus douce union aux émaux et aux ors. Le grandiose est devenu l’exquis sans rien perdre de sa robuste force. On félicite Lalique de ce que ses bijoux, autrefois magnificences de musées, ont re-pris le caractère de parure de la femme. Je fais comme les autres, mais je le regrette presque. Ces œuvres admirables m’inspirent PEUILLATRE PENDULE IEMAUX ET BRONZE DORE) MAJORELLE ELAAIBEAU (EER FORGE) Une sorte de respect, — et je suis pour-tant l’homme le plus indifférent du monde au bibelot — si bien qu’il nie semble presque outrageant pour elles que leur sort soit d’être disséminées à tous les vents. Un petit morceau de Lalique n’est pas Lalique; un tel homme ne devrait être contemplé que tout entier. D’autant plus qu’il ne manque pas de bijoux qui valent ceux de Lalique, en tant qu’instrument de beauté pour la [emine. Ceux exposés par M. Bonny, par exemple. M. Bonny, qu’on a remarqué l’année der-nière, et encore plus cette année, assemble les matériaux précieux suivant un plan nou-veau, qui est sans contredit fort bien en-tendu au point de vue des désirs de la femme et de ce qu’elle attend de la parure. Ses objets sont à la fois le bijou et le joyau; ils veulent unir la délicatesse, l’intérêt du premier à l’éblouissement par la fulgu-ration des pierres, comme dans le se-46