L’ART DÉCORATIF dans sa rêverie discrète comme l’atmosphère du décor où les gris beiges de la robe et le vieux rose d’un coussin font valoir sa che-velure de jais. Quelques tableaux aussi, des études Le petit déjeuner matinal ou La jeune servante, si bien vue et qui fut expo-sée à Dusseldorf, à Berlin, avant de pa-raître en ce moment à Londres avec la Ma-nucure retour d’Amérique, de Pittsburg. Une exposition de jeunes, à la galerie Silber-berg, vient de nous montrer une nouvelle harmonie, pleine d’observation, on, si vous préférez, une nouvelle observation pleine d’harmonie : La Partie de cartes, à côté d’un ensemble restreint d’études peintes, de fusains nerveux et de statuettes drôlement polychromées, modernes Tanagras sans pré-tensions, délassement du peintre qui saisit d’un coup d’oeil le geste amusant ou la mode exagérée de la passante. Études et portraits, ffieuvre fait de-viner l’auteur, l’homme qui est à la fois un artiste et un peintre (les deux ternies n’étant pas absolument synonymes). Hardi, résolu, charmant de simplicité studieuse et de finesse vive : tel il nous apparaît. Son père, qui le destinait au commerce, ne vou-lut pas résister à son penchant pour la pa-lette. Après deux ans d’études à Bayonne, il vient à Paris, traverse rapidement l’École des Beaux-Arts et l’atelier de Bonnat, son compatriote, quittant sans regret la formule pour la vie. La formule enseignée s’apprend vite, mais il faut déchiffrer la vie : n’est-ce pas Théophile Gautier, le magicien aimé de Baudelaire, qui soutenait cette paradoxale vérité : « Dans l’art, la difficulté suprême, c’est de peindre ce qu’on a devant les yeux: on peut traverser son époque sans l’aperce-voir, et c’est ce qu’ont fait beaucoup d’es-prits éminents. Etre de son temps, rien ne parait plus simple et rien n’est plus malaisé. Ne porter aucunes lu-nettes ni bleues ni vertes, se trouver dans la foule et en sentir l’aspect, des-siner les physionomies de tant d’êtres divers : voilà ce qui exige un génie tout spécial! M. Caro-Delvaille a bientôt répudié les lu-nettes de ses maîtres et des maîtres vite natu-ralisé Parisien, cc mé-ridional a peu voyagé; Paris le retient, avec le parfum capiteux de la femme moderne, de la „poupée sublime,,, di-raient les Goncourt. Mais cette passion d’artiste ne l’aveugle pas : le peintre n’est pas un poète qui dépeint son rêve. Il aime sa contemporaine, son modèle, il la regarde vivre au Bois, au théâtre, au jive o’clock, au gar-den-party, dans toute ré-union qui sent bon; mais il décrit sans mensonge son élégance un peu per-verse. Il ne flatte pas. Ses types réels, souvent CAR04.7ELVAILLE LA I 40