JUILLET 1902 de tout véritable artiste. Il veut que toujours. dans rceuvre du médailleur. il y ait har-monie entre le cadre et le sujet modelé sans dureté, dans la lumière. falais ce n’est pas tout. Allégories ou effigies doivent se préci-ser naturellement, simplement, sans jamais laisser visibles les habiletés techniques. L’artiste doit beaucoup savoir, mais il lui est interdit d’étaler sa science,,, dit volon-tiers M. Ponscarme. Et cette vérité, il l’af-firme successivement dans les médailles et médaillons de Mme•Augustin Dumont, Pons-carme, Parker, de MM-. Paul Leconte, Louis Buffet, Gaston Ma rqu iset Jules Ferry. J. Brame, Boucher, Méline, qui nous mè-nent jusqu’aux oeuvres récentes : César Franck, E. Drumont, les médailles du Sacré-Coeur, de la Paix, de la Guerre, ces deux dernières n’étant autres que les effigies stylisées de deux contemporains. Entre temps, M. Ponscarme a eu à commémorer des événements, à exécuter des commandes d’État. A défaut de la France qui tarde à changer le type de ses mon-naies, le prince de Monaco charge H. Pons-carme de lui graver une nouvelle monnaie d’or. Il ne s’agit point là d’une allégorie, mais de l’effigie du souverain de l’heureuse principauté. M. Ponscarme crée une oeuvre admirable de style et de vérité oit sont ce-pendant respectées toutes les exigences qui régissent une monnaie destinée à circuler de main en main. Ce jeton monétaire pourra étre changé. Sa haute valeur d’art lui assu-rera l’immortalité qui auréole les plus purs spécimens numismatiques de l’art grec. Ce qu’aurait été la conception républi-caine de M. Ponscarme, on peut s’en rendre compte en contemplant l’imposante effigie de liberté ailée qui figure à l’avers de la médaille commémorative de l’inauguration du Musée Européen. C’est là, en effet, le type un peu modifié d’un projet de mon-naie soumis à M. Thiers, sur la fin de 18,7 n. Mais le prudent homme d’État n’osa prendre une décision. Le maitre peut être hardi dans la con-ception, audacieux dans l’exécution, jamais les symboles qu’il exprime ne sont obscurs. Cet homme de haute stature, dont les traits énergiques sont encadrés par une barbe michelangesque, est un lettré, et nul comme lui ne sait débrouiller la signification d’une allégorie et clairement l’exprimer. Que l’on examine la médaille destinée à rappeler l’élection de Félix Faure à la présidence de la République. Chaque figure est à sa place. tout mouvement est significatif. rien n’est indiqué qui n’ait été auparavant nuirement raisonné. s Pas d’équivoque, pas de trouvaille ha-sardeuse cesse de répéter M. Ponscarme MEDAILLE DO SACRE.CCEUR ,.SALON DE à ses élèves. Car le praticien se double d’un professeur convaincu de sa mission. Peu de temps après le coup de théâtre de Naudet, M. Ponscarme fut, en effet, appelé à diriger, à l’École des Beaux-Arts, l’atelier de gravure en médaille. Enseigner, c’est la grande am-bition de tous les esprits novateurs. Malheu-reusement, la tâche est difficile et périlleuse et beaucoup parmi les mieux intentionnés échouent. M. Ponscarme, lui, a pleinement réussi. Ce qu’a été l’enseignement d’un tel homme, ses oeuvres le laissent deviner. Au-cune préoccupation étroite, point de con-trainte, niais une éducation libérale s’éten-dant de l’étude de l’art grec aux audaces de de l’art moderne. Beaucoup ont fréquenté l’atelier Ponscarme, tous n’ont pas persé-véré, mais aucun de ceux qui ont reçu son enseignement n’a eu à le regretter. C’est de son atelier que sortent la plupart des maîtres médailleurs actuels, nombre de sculpteurs aussi. Et l’on sentira toute la valeur de l’en-seignement de M. Ponscarme quand on saura que des artistes aussi divers et aussi personnels que Roty, Alexandre Charpentier, Yencesse ont passé par l’atelier qu’il a dirigé et dirige encore. Golanv SAUNIER. .37