L’ART DÉCORATIF casion d’une oeuvre qui marque dans la car-rière de M. Ponscarme, tandis que les deux allégories qui doivent décorer les deux mé-dailles données en concours retiennent par leur significative simplicité. Mais voici qui est mieux encore : en 1867, il a l’honneur de graver la médaille décernée aux exposants de l’Exposition Uni-verselle. Cette médaille est trop répandue et par conséquent trop connue pour qu’il soit nécessaire de la longuement commenter. Néanmoins on doit insister sur l’effigie de Napoléon III qui en décore l’avers. Le profil est noble tout en restant véridique. Ce n’est pas la basse silhouette rêvée par les caricaturistes, mais bien la figure d’un homme habitué à vouloir et à gouverner. Napoléon a trouvé un portraitiste idéal. Aussi , sans que le médailleur recoure à la flagornerie ni aux intrigues, il se voit choisi, dé préférence à tout autre, chaque fois que l’effigie impériale entre en jeu. C’est ainsi qu’en vue d’une médaille où les profils de l’empereur, de l’impératrice et du prince impérial se trouvent superposés, M. Ponscarme fut appelé à modeler le mé-daillon du prince impérial que nous repro-duisons. Que de vie, d’expression et de ju-vénilité dans ce fin profil d’un modelé si délicat. Véridique, certes, mais avec cette allure attique qui ne se découvre dans les œuvres modernes que lorsqu’elles sont par-faites. Jusqu’alors, M. Ponscarme n’a fait que suivre, avec goût et liberté il est vrai, les errements de ses confrères. Il a marqué toutes les médailles sorties de sa main de l’empreinte de ses dons, sans oser se libérer cependant de certaines conventions, si ce n’est pourtant dans ses médaillons, dont le délicat modelé avait été pour les artistes les mieux doués, comme Chapu, une révélation. Que l’on compare, au musée du Luxem-bourg par exemple, les médaillons de M. Ponscarme et ceux exécutés à Rome par Chapu, les portraits de femme notamment, et l’on sentira vite la parenté évidente des oeuvres, expliquée au reste par les relations amicales et très anciennes des deux artistes. Ils s’étaient connus à leurs débuts, c’est-à-dire avant 1855, année où M. Ponscarme obtint le second grand prix de gravure en médaille et M. Chapu le premier grand prix de sculpture. Voici l’heure venue où le maître dont nous nous occupons va libérer la médaille des entraves qui gênaient son essor. L’effigie d’un vieux savant, Josephus Naudet, en est le prétexte. ê Une révolution, cette médaille! a fort justement écrit M. Roger Marx. Le graveur ne s’était pas borné à mater le fond pour obtenir l’unité, l’harmonie ; la délicate sou-plesse du modelé y protestait avec éloquence contre l’exagération habituelle des saillies et la dureté des contours. Bien plus, M. Pons-carme s’aventurait à s’affranchir du cadre d’un listel inutile; puis, renonçant à l’emploi des caractères typographiques vulgaires, sans convenance, il contraignait la légende, par le style approprié des lettres et la variabilité de leurs dispositions, à prendre le rôle orne-mental de l’écriture arabe ou japonaise, à participer pour l’effet au pittoresque de l’en-semble. » Devant cette œuvre, public et profes-sionnels hésitent un manient. Beaucoup parmi ces derniers sont encore hantés par la virtuosité d’outil qui avait fait le succès de Galle; la médaille est toujours pour eux le bibelot sec que certains comparent à un bouton de métal. Mais le graveur Oudiné, qui se double d’un sculpteur, sent vite la légitimité de la révolution provoquée par M. Ponscarme, et on le verra, à la fin de sa carrière, faire son profit de cette liberté prise par un autre que lui. Dans un autre ordre d’idées, le savant J. B. Dumas apporte son approbation à la médaille de Naudet et l’empereur lui-méme fait connaître qu’il lui serait agréable que d’autres médailles fussent faites à l’image de celle-ci. Avec de tels encouragements, M. Pons-carme n’a plus qu’à suivre la voie où il s’est si opportunément engagé. Mais, au lieu de s’en tenir à cette première victoire, il ne cessera d’améliorer sa technique, de chercher à réaliser cet idéal qui est au fond du cœur FIND ART DOC