N° 46 — JUILLET 1902 L’OEUVRE D’HUBERT PONSCARME XTRAORDINA riel E t fortune de la médaille contem-poraine, l’éclat de certains noms en qui la foule sim-pliste s’est plu à personnifier cet art, n’ont pas peu contribué à faus-ser l’opinion sur les origines du mouvement ac-tuel. On trouve-ra donc naturel notre désir de mettre les choses en place en mon-trant quel a été le glorieux rôle de M. Pons-carme dans une rénovation qui est en grande partie son œuvre. L’occasion est belle, au reste, car sa verte vieillesse ne commit pas la lassitude et ses envois au Salon, cette année même, témoignent que son esprit, sa vision et sa main ne faiblissent pas. Les lecteurs de ri Décoratif qui ont bien voulu suivre la série d’articles que nous avons publiés ici même, durant les derniers mois de l’année i 901, sur la médaille fran-çaise, se rappelleront que ces articles débu-tèrent par un salut au vaillant artiste qui, le premier, dans une œuvre à jamais célèbre, le portrait de Naudet, se libéra des règles étroites auxquelles était soumise la gravure en médailles. Modèle toujours cité, toujours respecté, car rien dans une pareille médaille n’est appelé à vieillir, à prendre cet air caduc qui atteint toujours les travaux oit la conscience est remplacée par l’habileté ou le pastiche. Il y a des artistes qui ont le don; d’au-tres, à défaut de qualités natives, ont la té-nacité. Les seconds arrivent parfois à faire des choses passables, honnêtes même; les premiers seuls créent des œuvres belles, originales. M. Ponscarme se classe parmi ceux qui ont le don. Alors que sa vie ne pouvait encore avoir de but, ses tentatives d’art se recommandaient déjà par certains côtés qui distinguent les artistes de race. 133 Nous avons la bonne fortune de pou-voir reproduire quelques-unes des premières oeuvres du maitre. L’une, son portrait, re-monte à 1847, c’est-à-dire à l’année qui sui-vit son arrivée à Paris (1846); l’autre, ce joli portrait de jeune tille que coiffe le bon-net comme un casque de Minerve, date de 1852. M. Ponscarme n’était alors qu’un gra-veur sur acier, et ces deux œuvres se ressen-tent du métal travaillé par leur amenr. Mais, déjà, comme la ligne est concise et souple le modelé ! Que des aisés lui apprennent à préciser son dessin, à discipliner la matière, l’artiste sera vite parfait. Ces initiateurs fu-rent successivement, ou plutôt presque simul-tanément Lecocq de Boisbaudran, dom les meilleurs artistes de l’heure présente, Fantin-Latour, Rodin, Alphonse Legros, sont glo-rieux d’être les élèves; Augustin Dumont, le statuaire à qui l’on doit l’élégant Génie qui surmonte la colonne de la Bastille; enfin, Vauthier-Galle et Oudiné, qui ont laissé un nom dans la médaille. De ces trois artistes, M. Ponscarme reste peu de temps l’élève. Bien vite, ils le considèrent comme un ami. Lannée 1862 nous le montre maitre de lui-même. Depuis 1855, époque oit il a ob-tenu le second grand pris de Rome, il n’a cessé de travailler, modelant ces mé-daillons dont le nombre est dès ce moment considé-rable. Et le voici qui obtient dans MI concours ouvert par la Préfecture de la Seine un triple suc-cès. Il est, en effet. chargé de commé-morer deux événe-ments importants pour l’histoire de Paris : les grands percements qui modifient l’aspect de la capitale; la réunion des communes suburbaines à celle-ci. Enfin, il doit fixer dans le bronze les traits du principal colla-borateur du préfet Haussmann, ceux de Charles Merruau, secrétaire général de la Préfecture de la Seine. Ce portrait est l’oc-