L’ART DÉCORATIF mique, qui pour être neuve n’en serait pas moins stérile. Les pays étrangers ont répondu avec largesse à l’invitation du comité italien. L’Allemagne, sous la direction architecturale de M. Mribring ; l’Autriche, qui a construit un pavillon spécial; la Hongrie, la Belgique, la Hollande, ont parti-culièrement pris au sérieux leur contribution. Elles nous offrent des aménagements dignes d’être étudiés, présentant des caractères très nets de cohésion et de réflexion, imposant en un mot l’impression d’un style particulier , qui n’est point conçu pour notre tempérament français, et que nous aurions tort de nous approprier, mais qui mérite l’attention et l’a-nalyse. Ce sont ces pays du nord qui nous donnent les signes les plus évidents d’entente et d’activité. La Suède encore abonde en char-mants exemples d’un art délicat, dans ses céra-miques, ses broderies, ses ouvrages de métal. L’exposition anglaise prend surtout — si vite que cela! — un caractère rétrospectif: tous les modèles de Walter Crane, et les produits du mouvement préraphaélite inauguré dans l’in-dustrie par William Morris apparaissent étran-gement factices, conçus en dehors de la vie moderne, dans une claustration moyen-âgeuse, pour quelques dilettantes spleenétiques. Et la jeune école de Glasgow semble une petite classe primaire, recrutée parmi de jeunes communiantes pour préparer dans la naïveté de leur coeur des reposoirs de processions, ornés d’images simples et de roses artificielles. Mais de notre section française, è son tour, que dirons-nasse ? Des artistes très estimables sont représentés cheznous, de ceux même qui sont à la tête de notre mouvement moderne, puisque MM. Plumet et Selmersheirn, Majorelle, Alexandre Charpentier, Bigot, Sauvage ont envoyé, qu’une figure de M. Rodin orne le centre de la salle, que des peintures décoratives de M. Besnard et de M. Georges Picard y sont accrochées, et que l’on compte aussi sur M. René Lalique. Mais tout cela est encore trop maigre ; ces oeuvres ont figuré à nos derniers Salons, et le public étranger qui s’intéresse à l’art est fort au courant de nos manifestations annuelles. Nous ne lui apportons, par conséquent, rien de nouveau, et surtout nous ne nous sommes pas mis en frais pour constituer un ensemble significatif, digne de nous, comme tant d’autres ‘sections ont eu à coeur de le faire. Aussi faut-il louer les entreprises particulières de ê L’Art Nouveau Bing s, de MM. Paul Bec et Diot, de ê La Maison Moderne e, qui ont cherché, pour leur part, à créer des décors d’intérieurs homo-gènes. L’exposition française de Turin, cahoteuse, groupée en hâte et au hasard, nous fait vivement sentir l’apathie générale de nos artistes et notre défaut d’organisation. Il n’y avait pas que les intérêts personnels à consulter pour savoir si l’on exposerait à Turin il s’agissait de révéler des tentatives solides, un art sérieusement constitué, en face des apports des autres nations : nous ne donnons qu’une impression de mor-cellement. Il y aurait à créer un instrument toujours prêt à assurer pour ces expositions à l’étranger une digne représentation de notre pays, une sorte de syndicat recrutant les collaborations, aplanissant les difficultés matérielles, s’occupant des expéditions. La question doit être mise à l’étude sans retard ; notre insouciance n’a que trop duré. G. S. POUR L’HIVER PROCHAIN La Société des Artistes décorateurs, fondée depuis un an, n’a pas encore fait parler beau-coup d’elle. Se proposant la défense des intérêts d’une classe nombreuse de producteurs artis-tiques, elle a commencé d’organiser les moyens de faire prévaloir leurs revendications. Elle veut, en outre, montrer au public comment le talent de l’artiste décorateur peut trouver son emploi dans la plus grande mesure. Dans ce but, elle se prépare à faire l’hiver prochain une expo-sition qui différera tout à fait des expositions ordinaires d’arts décoratifs, et dont le lieu sera, selon toute probabilité, lé Petit Palais. La partie principale du programme sera une expérience extrêmement intéressante, on peut même dire décisive. On se propose d’établir un salon de thé, à l’installation duquel les membres de la Société concourront sous la direction de fun d’eux et la surveillance d’un comité. Non un simulacre de salon que le public contemple à distance, arrêté par une corde sous d’un gardien LM salon pour le bon, où les dames iront lapper de vraies tasses de thé, grignoter de vrais gâteaux, se susurrer de vrais potins —oui, ma chère — et où des amateurs du beau sexe, jeunes et vieux, iront se livrer à des travaux d’approche, sous l’abri de remparts en sandwichs. Voilà, pour mettre en scène les arts du XXs siècle, un sujet excellent. Comme fond au tableau d’une société se promenant tout au bord d’insti-tutions devenues trop étroites, en attendant qu’elle s’en évade, on n’eût pu trouver mieux. Voilà de plus une vraie idée pratique, puisqu’une exploi-tation lucrative se lie à la chose exposée, et que le matériel de celle-ci — théières, tasses, argen-terie, napperons, etc. — se composera d’objets de l’usage le plus courant, dont on pourra vendre des unités, des douzaines ou des grosses à qui le demandera: d’où, premièrement, propagande pour Fceuvre ; ensuite, contribution à l’amortis-13o