L’ART DÉCORATIF premier contact de l’eau ou, une fois déve-loppée, se liquéfie et coule en nappe tout le long du papier. Le remède dans les deux cas est tout indiqué. Mais il ne faut pas oublier que la gomme bichromatée n’attend pas l’action directe de la lumière pour changer de nature et devenir insoluble ; le phéno-mène activé par la lumière a commencé sour-noisement à se produire dès que la gomme et le bichromate ont été mis en présence. Donc il est important de ne pas le laisser se parachever, et il faut poser et développer le papier préparé d’après la formule ci-dessus le plus tôt possible après sa dessiccation, sous peine de se trouver en face d’une couche à moitié insoluble dont les blancs, par consé-quent, garderont toujours un voile granuleux qui n’est pas souvent acceptable. Enfin et en dernier lieu, nous recom-mandons de fixer l’épreuve terminée — et séchée — dans un bain d’eau froide contenant de cinq à dix pour cent de bisulfite de soude. Elle y laisse les dernières traces des sels de chrome qui pourraient compromettre sa con-servation. Après cette courte description du procédé à la gomme, nos lecteurs n’auront pas de peine à comprendre pourquoi, dans une expo-sition choisie comme celle que nous devons à l’initiative du Photo-Club, les personna-lités s’affirment d’une façon infiniment plus frappante que dans tome autre exposition de photographies. Ainsi, le docteur Henne-berg et le docteur Spitzer, de IMPRESSION DE RE R. DEMACHN 122 Vienne ; les frères Hofmeister et M. Muller, de Hambourg, nous montrent de grandes compositions qui ressemblent à de vigoureuses études au bitume , largement traitées. M. Steichen, peintre améri-cain de grand talent, photo-graphe à ses heures, expose une série d’épreuves montées sur papier vergé à grandes marges dont quelques-unes ont la saveur des gravures à la manière noire—Mon porlrait, le Portrait de Rodin, le Por-trait de Thaulow tandis que d’autres épreuves telles que la Jeune fille riant ressemblent à une délicate estampe aux tons un peu passés. Le pan-neau décoratif de M. Clarence White donne la sensation d’une reproduction de primitif, tan-dis que l’impression que nous trouvons dans les œuvres de M. Puyo, dont le métier se caractérise par la continuité de la couche de pigment et le dégradé parfait du clair à l’obscur, est tout autre. En face de différences aussi frappantes on pourrait presque dire qu’il s’est formé des écoles de gomme, car il y a une telle divergence de