L’ART DÉCORATIF Ici encore tous les accessoires sont traités avec une remarquable virtum site et dans une gamme de blancs des plus savoureuses. Les portraits sont du reste plus nombreux que jamais, et là encore il convient de procéder par sélection et de négliger les nombreux essais d’élèves ou d’amateurs pour lesquels le jury a montré une indulgence surprenante. Voici tout d’abord, parmi les œuvres qui retiendront le plus l’attention, l’excellent portrait de M’Y Loubet par M. Jean Patricot, qui n’en est pas à son coup d’essai et qui depuis des années nous a habitués à son impeccable sûreté. M. lienner , dans son effigie de vieille dame assise, excelle comme toujours à cette enveloppe délicate et subtile, dont Francia et Andrea del Sarto paraissent lui avoir légué le secret. M. Aimé Morot et M. Al-bert Lynch ont été souvent mieux inspirés qu’aujourd’hui, tandis que M. Benjamin Constant signe avec son portrait de Lord Saville un de ses meilleurs morceaux. L’attention va encore à des peintres de portraits dont les noms sont moins connus, mais qui méri-tent d’être étudiés. Ainsi M. Lauth, dont le portrait de femme en noir est d’une hautaine distinction, ex-celle aussi au portrait de plein air ; M. Raymond Woog, un nouveau venu, campe magistralement sur un fond discret et lumineux de ciel la silhouette d’une jeune fille ; dans le portrait de jeune femme de M. Gui-nier, oeuvre d’intimité, la pose est natu-relle et heureuse, et l’on a la sensation précise d’étre en face de la vie. M. Émile Wéry est un des jeunes qui, en ce Salon, apportent toujours à leurs envois quelque note très personnelle. Wéry, le peintre des canaux d’Amsterdam et des calmes petits ports de Bretagne, a mis à profit sa bourse de voyage obtenue il y a deux ans, pour faire de longs séjours • en Italie,• et il nous en rapporte ce beau triptyque Venise. Il s’écarte de l’aspect elassiquc de la ville des doges. M. Wéry : a Vu Venise à des heures moins lumineuses. Sa Giudecca dans J. COUDYSER RIDEAU (ÉTOFFE TEINTEF) la transparence d’un beau soir, avec ses ombres légères et fines et cette fluidité dont le ciel vénitien enveloppe toutes choses, est un morceau magistral. Par-dessus Turner et Bonington, Wéry revient à la vision des Canaletti et de Guardi, et peut-etre n’a-t-il pas tort. Les tableaux de genre se retrouvent en grand nombre à la Société des Artistes fran-çais, mais ce n’est que bien rarement qu’ils méritent une mention ; je ferai exception pour. les Relevailles de M. Laurent, un morcean• de sentiment très délicat et de fac-ture habile.