L’ART DÉCORATIF peint plus sûrement, avec plus de carrure, d’une pâte plus nourrie et plus belle. Charles Cottet, Lucien Simon, ces deux hommes brisent l’étroite formule de Bastien-P. A. LAURENS JOUEUSES Er s Lepage, des Roll, des Muenier, des Friant ; ils affranchissent l’art de l’imitation photo-graphique, ils lui rendent le caractère. Auprès d’eux, moins superbement sans doute, çt non sans trahir parfois les affectations dont je parlais tout à l’heure, certains artistes s’attachent à l’observation des moeurs et des intimités. La vie bourgeoise, la vie de famille trouvent en MM. Jeanniot, Guiguet, Hugues de Beaumont, Moreau-Nélaton, Saglio, Mo-risset, Larrue, Delachaux des interprètes intelligents, attentifs, curieux d’en dégager la signification. M Wal ter-Gay sait rendre la grâce accueillante des lieux que l’homme habite. La Partie de billard, groupant dans un intérieur ombreux des jeunes filles vives et rieuses, prouve chez M. Prinet une com-préhension charmante de l’existence mon-daine. Nonobstant quelque parti pris de noirceur — heureusement inconnu des Ber-nard, des La Touche, des Chéret — les toiles de nos intimistes précisent la tendatice que j’ai signalëe en commençant, le retour aux traditions Ton siècle qui fut français entré tous et qui s’exprima délicieusement, sous son double aspect de fantaisie galante et de réalité cordiale, par Antoine Watteau et par Chardin. ALBERT THOSIAS. SOCIÉTÉ DES ARTISTES FRANÇAIS Drus que jamais, en franchissant le seuil de ce grand Palais où se tient pour la seconde fois le Salon de la Société des Artistes français, la nécessité s’impose pour le critique autant que pour le simple curieux d’art de pro-céder par sélection, de ne juger que les oeuvres vraiment sincères et hautes, et de suppléer ainsi aux erreurs et aux fautes d’un jury dont les complaisances vont presque jusqu’à la partialité, et où les professeurs reçoivent de parti-pris les élèves dociles, qui se sont laissé conduire ici comme par la main, et qui durant le cours de l’année ont sagement et assidûment travaillé à leur s tableau de Salon«. C’est là, on le perçoit plus nette-ment chaque année, ce qui donne au Salon cet aspect d’incertitude, de tâtonnement et de médiocrité, et qui écarte de l’exposition les débutants sans protection et plus confiants dans l’éclectisme du jury de la Société Na-tionale. De bonnes choses se trouvent sans aucun doute ici, mais il faut les trouver, il faut savoir les dégager des voisinages com-promettants, alors qu’à la Société Nationale elles sont plus habilement présentées. L’effort que nécessite l’étude de l’ancien Salon, où les toiles sont plus nombreuses et plus serrées, le nouveau Salon sait l’éviter à ses visiteurs, et c’est ce qui fait aujourd’hui 98