JUIN 1902 Roger, Lucien Griveau, Ulmann, puis les tableautins où M. Jean Veber, d’un pinceau si riche et si juste, mêle l’humour de Swift à la cordialité des petits maîtres hollandais. Deux artistes surtout s’imposent par une incontestable originalité, deux hom-mes habitués à dire leurs impressions per sonnelles dans un langage qui leur est propre, plein de sa-veur, de franchise, de puis-sance. M. Lucien Simon tw-pose une Salle de bal encom-brée de couples rustiques. 11 a peint bien souvent les Bretons lourds et rudes, tannés par les acres bises et les embruns, il a rendu à maintes reprises la passivité des Bretonnes, leur grave fruste, leur saine rraicheur sous les accoutre-ments criards. Il nous en donne cette fois encore une image solide, sincère. fixée au na-turel, sans f.,tdeur connue sans vulgarité. Puis voila qu’il cité. dans un salon d, province, il confronte une vieille L111111e et deux religieuses. Embar-ras rougissant d’une des nonnes. tranquille assurance de l’autre. réserve de la dame qui devine l’objet de cette visite, intensité de l’expression, force el largeur de la facture, tout fait des Soeurs quéteuses une oeuvre incomparable. On la jugerait telle du moins si la Causerie du soir ne l’éga-lait, ici même, avec l’accou-dement des quatre personne, autour de la table, le délicieux bambin, le charme de la na-ture-morte, la qualité du ciel verdissant derrière le vitrage. Charles Cottes comme Lucien Simon s’applique à représenter le réel; mais sots réalisme s’approfondit, s’am-plifie jusqu’au tragique. Savez-VOUS rien d’aussi grave, d’aussi sobrement poignant que l’ache-minement deces bonnes femmes en cape noire, vues de dos, entre ces murs de pierre sèche, vers cette humble église de campagne? La Mer est pale à l’horizon, un jour triste coule du ciel blafard, on comprend, devant un pareil décor, la nécessité d’un recours céleste, l’impérieux besoin d’une foi. L’Enterrement a Ornans est loin d’atteindre au pathétisme de cette Messe basse et Courbet n’a jamais A. DE LA GANDARA 97 PORTRAIT DE