L’ART DÉCORATIF lement un sens coloriste, mais un sens psy-chologique. Aucun artiste n’a cherché à sa-tisfaire davantage, dans l’organisation de la demeure, les désirs normaux de la vie, à nous donner les impressions de bien-être, de confort, de contentement, de rêverie même, que réclame l’épanouissement com-plet de notre etre. Et ces moyens d’action qui lui sont propres, M. Serrurier ne pou-vait mieux les mettre en valeur que dans l’aménagement complet d’une maison de campagne, dans le cadre d’une vie rappro-chée de la nature et toute entourée d’elle, vers laquelle au surplus se sentaient portés par leur tempérament et leurs goûts ceux qu’il s’agissait de loger. Les prédilections de M. Serrurier lui-même se rencontraient donc plus aisément avec celles de ses clients. Ainsi, M. Serrurier ne s’est pas seule-ment préoccupé, pour la disposition géné-CHEVALET A TABLEAL, rale de la maison, pour les pièces de réu-nion destinées à tous, du genre de vie que l’on menait dans le château, des habitudes d’indépendance, d’aisance véritable, revendi-quées par chacun pour lui-même et pour les autres ; de la large hospitalité qui fait mé-nager pour les amis toute une suite de chambres ; des commodités spéciales à la vie de campagne. Il a dû pénétrer ensuite de plus près le caractère intimé de chacun pour lui accommoder un appartement vrai-ment fait pour lui, reflétant ses habitudes propres et jusqu’à son tour d’imagination. C’est là qu’interviennent à juste titre les suggestions et les variations de la cou-leur, les harmonies continues poursuivies à travers tout l’ameublement et la décoration d’une même pièce. Le caractère et les pré-férences de chacun indiquent quels doivent être les meubles auxquels il s’agit d’accorder dans son appartement personnel -le plus d’importance ; et de même les usages de la vie à la campagne, les allées et verrues fré-quentes dans le parc, la compagnie dés chiens domestiques, inspirent l’installation bien appropriée des pièces destinées à la vie en commun. En l’absence du hall, qui établit tou-jours plus largement, dans une demeuré rustique, les communications incessantes entre le dedans et le dehors, niais auquel on ne pouvait suppléer, On a réuni dans une décoration homogène le vestibule et l’escalier, en. une gamme Chantante de bleus et de verts. Les portemanteaux, le porte-fusil indispensable aux chasseurs que sont les hôtes du château, une solide banquette permettant de se reposer quand on rentre, constituent ici les meubles principaux. Ils sont en bois teinté de vert; et s’il ne faut pas en principe abuser des bois teints, qui ont toujours quelque chose d’artificiel, alors que nous avons à notre disposition des bois si divers par leurs aspects naturels, on peut reconnaître pourtant qu’ils peuvent plaire dans un vestibule de campagne, où ils ap-portent une note de fantaisie et de goût rural qui n’est pas déplacée. Il faut noter encore dans ce vestibide la fontaine-lavabo, qui comporte de la céra-mique, de la pierre et du bronze, et dont le filet d’eau, chantant sans ‘cesse dans la vasque, contribue à l’agrément de cette en-trée, outre qu’il permet à ceux qui rentrent