MAI 1902 une souplesse, une aisance à réaliser cc que l’imagination de l’auteur entrevoit, une pos-session de soi-même encore plus grandes. Et pour dire d’un mot ce qu’ils m’inspirent, ils m’apparaissent comme comptant parmi ce que le souffle qui passe à travers l’art depuis dix ans pour le purifier a suscité de plus parfait jusqu’à ce jour. Combattant pour la liberté, sans laquelle il n’est rien de grand, et déplorant tant de folies qui se réclament d’elles, je voudrais m’écrier, m’adressant au public, à celui qui s’engoue sottement de cent choses grotesques qu’on lui montre sous le nom d’è art nouveau à celui qui s’éloigne des mûmes choses avec dégoût : On vous trompe’ Par ici ! Regar-dez de ce côté! En voici, de l’art nou-veau !” Je suis ignorant de dentelles. Entre la Chantilly, les points de Bruges et de Ma-lines, la Valenciennes et la Venise, mes yeux vont sans malice à celle qui couvre du PROF. J. HRDLICKA belles épaules. Je ne peux pas juger de ce que sont les dessins du professeur Hrdlicka au point de vue de l’appropriation à tel ou tel travail, encore moins en parler. Je sup-pose qu’ils y satisfont, puisqu’on dit M. Hrdlicka maitre en ce métier. Après avoir constaté l’admiration de tout le inonde et mon propre enthousiasme, je ne veux qu’en rechercher la raison. Je la trouve de suite. C’est que chacun rencontre dans les dessins de M. Hrdlicka ce qu’il faut pour lui plaire, quels que soient son tempérament, ses prédilections et ses idées. Ces dessins sont la fleur faite rythme, et le rythme fait fleur. Ils sont aussi rigoureusement dirigés que les plus sèches combinaisons linéaires, aussi sou-riants des grâces naturelles que les plus fades bergeries. Ils donnent la plénitude de EMPIÈCEMENT la satisfaction aux aines sentimentales, aussi bien qu’aux tempéraments qui ne vibrent qu’en face de la beauté formelle. Pour les artistes et les critiques, ils réunissent en une extraordinaire synthèse les deus anti-thèses entre lesquelles flottent les recherches d’aujourd’hui : ils sont à la fois un poème floral de M. Gallé, avec devise en vers, et un théorème de géométrie ornementale de M. Van de Velde ; ils donnent l’expression la plus complète qui se soit produite jus-qu’ici des principes de l’art décoratif, sous quelque bannière qu’on se range. Et comme la science de l’auteur est aussi inapparente que grande, comme tout semble couler de source, sans effort, qu’on n’aperçoit que la belle inconscience de l’in-tuitif courant où le caprice le pousse, sans autre guide que le goût, cela possède la