MAI 1902 EUG. CARRIÈRE un insouci originel de l’époque, une volonté lente et intangible, pour atteindre à un tel degré psychologique. Des morceaux comme l’Enfant au chien, qui vient de Velasquez, comme le portrait du sculpteur Devinez, de Daudet, de Sé-ailles , mar-quent le début et l’épanouisse• ment d’un ma-gistral peintre de morceaux. Mais le Car-rière actuel est autre chose. Il pressent l’inex-ploré. Il a du dessin une idée spéciale. Évi-demment, ce n’est plus à ses yeux la déli-mitation de ce qui est visible: c’est l’expres-sion des rela-tions entre les formes, non seulementd’un ALPHONSE DAUDn’ ET SA FILLE objet unique, mais d’un ob-jet et d’un autre. L’étude des sciences n a-turelles nous montre que la nature repro-duit indéfini-ment quelques formes prim-ordiales dont le nombre est assez restreint; de même que le langage ré-sulte des com-binaisons infi-nies de vingt-quatre lettres et la musique de celles de sept notes, la nature nous donne la preuve de l’in-utilité de nombreuses formes, et il lui suffit qu’elles soient interchangeables pour qu’une nervure de feuille ne soit pas un corail, ni un système artériel, ni une veine de rocher, mal-gré leur similitude graphique. Le dessin est EUG. CARRIÈRE 67 PORTRAIT DE GUSTAVE ,FERO