L’ART DÉCORATIF musicales, prenantes, fortes, et si bien faites qu’on ne saurait en déplacer une syllabe. J’en ai montré à des écrivains, et l’un d’eux m’a dit : «Je dirais que ce que vous me ci-tez est de Flaubert, s’il n’y avait lit une vi-bration de l’âme que Flaubert n’a jamais révélée. « Je copie par exemple ceci de la petite préface que Carrière lit au catalogue d’une exposition de ses œuvres chez Boussod, en t 896 « Je vois les autres hommes en moi et « je me retrouve en eux, ce qui nie pas-« sionne leur est cher. L’amour des formes « extérieures de la nature est le moyen de compréhension que la nature m’impose. •. Je ne sais pas si la réalité se soustrait 1/ l’esprit, un geste étant une volonté « visible : je les ai toujours sentis unis. « L’émouvante surprise de la nature arts « yeux qui s’ouvrent sous l’empire d’une « pensée enfin voyante, l’instant et le passé « confondus dans nos souvenirs et notre pré. sence… tout cela est ma joie et mon in-« quiétude. Sa mystérieuse logique s’impose «à mon esprit, une sensation résume tant de forces concentrées! Les ,/’ornes qui ne sont pas par elles-mimes, mais par leurs multiples rapports, tout, dans au lointain n’eu!, note, rejoint par de subtils passages •unn est une confidence qui répond à nies Il y a une magie, la magie de Mallarmé, dans cette définition que j’ai soulignée. Mais voyons encore cette petite préface au cata-logne de l’exposition Rodin :1900), qu’il faut transcrire entière : « L’art de Rodin sort de la terre et y « retourne, semblable aux blocs géants, ro-« chers ou dolmens, qui affirment les soli-« tudes, et datas l’héroïque. grandissement « desquels l’homme s’est reconnu. « La transmission de la pensée par l’art, « comme la transmission « de la vie, est oeuvre de « passion et d’amour. « La passion, dont « Rodin est le serviteur « obei,ant, lui fait dé-« cous. ri r les lois qui sen un à l’exprimer, ‘cst elle qui lui dorme le sens des volumes et . des proportions, le choix •. de la saillie expressive. insi la terre pro-« jette ati dehors ses formes appauntes, images, sta-tues. qui (((tirs pénètrent • du «élis de sa vie inté-rieure. Ce sont ces formes terrestres qui furent les • initiatrices véritables de Bodin. Cc sont elles qui l’ont libéré des traditions d’e,.olc, c’est en elles qu’il a retrouvé son être ci l’instinct créateur des hommes dont l’humanité « se réclame. « Lesarbres, les plantes «lui ont révélé leur analo-gie avec ces belles jeunes « femmes aux jambes lisses EUGÈNE CARRIÈRE 64 L’ENFANT MALADE g montant en frêles en-