L’ART DÉCORATIF gent qui se souvient du flou gracieux de l’étain. L’auteur de cette heureuse boucle de ceinture, de ces agrafes délicates est un peintre; niais il oublie la peinture pour mo-deler ingénument la fleur. Ce peintre amou-reux du métal adore la nature, et sa passion de Fèveur joyeux de s’échapper du labeur quotidien pour aller humer à pleins pou-mons fuir parfumé du printemps se devine dans di— motifs empruntés directement à la E. FEUILLATRE F10.01011ERES (OR ET E)rAUX) flore commune. Son amour de ces humbles reines de nos champs s’exprime dans le goût décoratif du ciseleur improvisé qui les respecte. Discrètes, ces parures conviennent aux modestes aines. Le chèvrefeuille s’en-roule, poétiquement stylisé dans un instinct tout français. La fleur s’épanouit entre les piquants de la boucle style sans complica-tion, tendresse sans détour. Notre confrère Albert Thomas a plus d’une fois loué les étains de Boucher. Je gage que ces bijoux d’argent lui plairont, car les poètes sorti nés pour s’entendre. Rxxitoxri BouVER. 5S LAME D’EUGÈNE CARRIÈRE .A PROPOS D’UN LIVRE SUR LFI: ■, s’agit d’une belle oeuvre, due au goût, 1 au savoir, à la ténacité convaincue de M. Henri Piazza, à qui nous devons déjà quelques accomplis exemples d’édition d’art, exemples discrètement donnés à telles grandes maisons qui, ma/gré l’argent dépensé, sen-tent toujours la fabrique et la réclame. Une étude a été demandée h l’amitié judicieuse de M. Gustave Geffroy : elle s’accole à la magnifique série de photographies qui ex-priment lucidement, contre toute attente, les valeurs et la technique presque insaisissa-bles de Carrière, et mordent acidement jus-qu’au grain de la toile pour en faire surgir les lumières et les ombres dont le plus subtil des pinceaux modernes l’imprégna. Cette série justifie mot à mot les assertions du critique : l’ensemble est partait dans le goût sobre, la présentation, le choix. L’ouvrage édité par M. Piazza est donc un complet et digne hommage rendu à un grand artiste il est aussi la précieuse ex-plication d’une conscience complexe et pro-fonde. Il faut louer l’éditeur de ne pas s’être facilement attaché aux œuvres consacrées, connues, admises, mais d’avoir fait une large place aux esquisses, aux études, aux premières oeuvres, d’avoir bravement montré les tâtonnements, les influences, les sugges-tions de tels maitres, Velasquez et Rem-brandt avant tous. Une histoire intellec-tuelle, Urie évolution cérébrale et plastique, se décèlent ainsi avec une éloquence muette et une grande clarté : saluer l’épanouisse-ment d’un maitre, c’est bien. Mais le voir saure, le voir se démentir ou se contrôler lui-même, s’inspirer, hésiter, admirer, chan-ger, désapprendre, voilà un spectacle d’aine passionnant. Il seyait au caractère inquiet du génie d’Eugène Carrière que toute cette série de nuances nous fût restituée, comme la part la plus délicate de l’hommage qui lui est fait nous l’admirerons davantage et surtout nous l’aimerons mieux. Eugène Carrière est né grand peintre, et il a su, en le restant, devenir autre chose. Profondément attaché à la réalité des as-pects, il est devenu gtaduellement un vision-naire : ou plutôt cette disposition de rame, native, n’est devenue visible à la surface de