MAI 1902 elle jadis, elle n’était plus à ce moment qu’une chose matérielle, une toile toute pré-parée, avec un bon dessous solide et coloré, sur laquelle il ébauchait hardiment sots rêve nouveau. C’est ainsi qu’un jour la Décolla-tion de saint Jean-Baptiste, aujourd’hui au Musée d’Anvers, faillit subir un sort sem-blable. Un ami courageux et obstiné sauva ce chef-d’œuvre, non sans peine, en jurant d’apporter le soir même une toile neuve ab-solument identique à la toile condamnée et en s’exécutant immédiate-ment. Je ne sais si l’on se rappelle ses peintures du Salon de 1888. Fal-guière avait envoyé deux toiles. L’une était un souvenir de ce voyage d’Espagne qui l’avait si profondément frappé et sous l’inspiration duquel il exécuta quelques au-tres compositions peintes. C’étaient les Mendiants espagnols qui viennent d’être placés au Luxem-bourg, où ils brillent du bel éclat de leurs noirs et de leurs bruns, chauds et transparents, sur des bleus riches et profonds. L’autre toile représentait l’embrase-ment d’une forêt : cendiaire, « panneau dé-coratif ajoutait-il avec une réserve prudente pour faire excuser les grands partis-pris un peu hâtifs de l’exécution. Je ne sais ce qu’est devenue cette peinture, qui dort peut-être sous les couches nouvelles de quelque Vénus ou de quelque Junon. Mais sa genèse vaut d’être ra-contée. Un jour, songeant à sa bonne ville de Toulouse, notre peintre, bien en verve , s’était mis en tète de composer une allégorie en son honneur. Au pied d’une figure de Clé-mence Isaure, la fondatrice des Jeux flo-raux, trois jeunes femmes représentant le Souci, la Violette et la Verveine, les trois fleurs emblématiques que la ville de Tou-Muse décerne aux lauréats de ses tournois poétiques, étaient groupées en des attitudes conformes au caractère qu’on attribue à chacune de ces fleurs. C’était charmant et NI,I2L1.1 II Ill’ MON, 111,1 51 ra RI I