MAI 1902 rions la journée par la visite d’un des plus beaux bâtiments de l’escadre et nous em-ploierions les deux jours suivants à nous promener et à chasser sur les côtes décou-pées de Perros-Guirec, dans la propriété d’un ami qui trous at-tendait dans sa solitude hivernale et se réjouissait de faire à Fal-guière les honneurs de son petit coin breton sauvage et parfumé. Tout allait pour le mieux. Nous arrivâmes le lendemain matin, qui était dimanche, après nos treize heures de route, un peu fatigués de corps, mais l’esprit dispos. Sur le quai de la gare, nous cherchions notre monde. Falguière interrogeait les quatre points cardi-naux avec quelque stupeur. è Com-ment se fait-il que personne ne soit venu au-devant de nous’ J’ai souvent été appelé pour des concours semblables, disait-il, mais jamais ce n’était comme ça. Ah il fallait voir à Toulouse, et les fanfares, et la foule, et tous les tra la la…» Nous lui finies obser-ver que nous étions sous une autre latitude, que le Breton est un peu farouche et réservé et que, à tout prendre, cette réserve était pour nous bien plus commode et plus agréable. Il parut mal convaincu. Nous arrivâmes donc seuls au lieu du concours. Ce fut courtois, correct, d’une cer-taine cordialité méme, mais sans chaleur. Évidemment le méme soleil ne luit pas sur tomes les terres de France. Le vote émis, arriva l’heure du déjeuner. Payai nous demanda la permission de nous quitter pour une heure. Falguière et moi, nous montâmes mélancoliquement vers l’hôtel. de l’hôtel. Elle lui parut mortellement triste avec son papier brun moisi par endroits par les vents marins et sa vague odeur d’humi-dité. Nous nous assîmes. Le ciel, par la fe-Alors ces c… cuistres-là ne notas ont pas seulement retenus à déjeuner! Comment mouvez-vous ça? Ah! non, ce n’est pas chic du tout! On n’agit pas ainsi. On ne fait pas faire aux gens treize heures de chemin de fer pour les planter là quand on n’a plus besoin d’eux ! Nous entrâmes dans la salle à manger 47 STATUE DE LA ROCHEJACQUELIN A St-AUBIN notre, était gris. Falguière commanda le menu sans enthousiasme. En attendant, il goûta le vin et fit la grimace. «Qu’est-ce que nous allons faire ici, à présent é» sou-pira-t-il. Comme on tardait à nous servir : «Ah çà! il n’y a donc pas de sonnettes !=