L’ART DÉCORATIF marins ou soldats bretons morts pour la patrie — il en meurt ainsi depuis trente ans dans tous nos départements, pour la gloire des comités locaux et la grande joie des sculpteurs. Dayot nous avait fait désigner comme jurés, Falguière et moi. Nous avions, au départ, fait un bon petit diner chez Lavenne, de qui Falguière esti-mait la cave et pour qui il avait sculpté une tête de Bretonne, enchâssée dans la muraille du restaurant et récompensée par l’hôte d’un panier de vieux rhum extra-fin. Le voyage avait été très gai, entremêlé de sommes légers, de bavardages et de chants, car Falguière ne cessait de se gargariser le gosier avec la Paimpolaise, alors en pleine vogue et qui, justement, émit dédiée par l’auteur à Dayot, son parrain près du public. On ‘projetait l’emploi de ces trois jour-nées que nous devions passer ensemble. Nous serions débarrassés de nos obligations officielles le premier jour à midi ; nous fini-MODULE VIVANT POUR UNI, NA,. D’AN bondissant du divan sur lequel nous étions assis, il reprit brusquement son travail. Regardez-moi cette petite, s’écriait-il, est-elle jolie ? est-elle vivante est-elle jeune! Regardez-moi ce corps! comme c’est tin et distingué:» Et tandis que la jeune fille riait en rougissant, il m’oubliait tout à fait ainsi que le sujet qui m’amenait, et pétrissait de nouveau sa glaise d’une nain fiévreuse et impatiente. Puis, se reprenant tout d’un coup : r Oh ! je vous demande pardon : voyons, causons sérieusement!» et il rex, nait se rasseoir, mais pour se lever peu après encore au milieu d’exclamations en-thousiastes, et le manège dura jusqu’à ce que je prisse congé de lui, me demandant ce qu’il aurait retenu de ce que je lui avais dit. Je voudrais qu’on me permit de rappe-ler aussi un voyage que nous Fîmes en-semble en Bretagne. C’était une petite partie qui avait été organisée très gentiment par mon excellent ami Armand Dayot, à l’oc-casion d’un concours monumental à Brest : 46 MI/UTI.F. VIVANT POUR UNE aJEANNE D’ARC»