N° 44 MAI 1902 QUELQUES SOUVENIRS SUR FALGUIERE I, POSITION de Falguière à l’École des Beaux-Arts a ramené sur ce maître si profondément original l’at-tention trop facilement distraite de ses contemporains. De tous cô-tés ont surgi des études sur l’oeuvre et sur l’homme, et il semble, lorsque l’on consi-dère bien l’une et que l’on a bien connu l’autre, qu’il reste toujours à dire sur les deux. Il était si ardent et si vivant, et il avait le don si rare et si puissant de donner la vie, qu’on dirait que la mort elle-même se refuse à le prendre tout entier. Qu’on me pardonne donc de revenir, à mon tour, sur cette grande figure artistique de notre temps et, sans reprendre l’étude de son génie sculptural que j’ai déjà tentée ail-leurs’, d’essayer, par quelques notes et sou-venirs personnels, de compléter cette phy-sionomie si curieuse et si diverse. Ce n’était guère, certes, un rêveur ou un imaginatif. Il ne portait pas en lui un monde de songes ou de conceptions mo-rales comme Puvis de Chavannes ou Gus-tave Moreau ; loin de là. Mais c’était em voyant des choses de la vie, et comme le premier un voyant enthousiaste, ingénu, ravi, pour qui la création était une éternelle féerie et qui n’avait pas de plus grande joie que de la contempler et de l’imiter. Avec un oeil de peintre sensible à la couleur et à la lu-mière, il était très émet par tous les aspects du paysage, mais en face de l’être humain, il semblait qu’il subit la griserie de la forme et de la chair. Je me souviens, à ce propos, d’une vi-site à son atelier. J’avais à faire près de lui je ne sais plus quelle démarche assez déli-cate. Dans l’atelier étaient quelques élèves ou amis qui s’éloignèrent discrètement et une jeune fille demi-nue qui posait pour une Alexandre Falguière, par L. Bénéditc, avec ue préface. de de G. Larroumet, secrétaire per-pétuel de l’Académie des Beaux-Arts. Librairie de l’Art :indien et moderne. 4) petite maquette en train sur la selle. Nous nous assîmes et nous causâmes. Ce fut d’abord avec un peu de gêne et d’inquiétude. Mais bientôt, tout en parlant, ses yeux qui s’animaient allaient de l’ouvrage au modèle et du modèle à l’ouvrage, jusqu’à ce que, A. FALGUIal, LA MUSIQUE