AVRIL 1902 tour à tour à un poème de Henri Heine (La Princesse et le Page), à un drame de Mau-rice Maeterlinck (les deux dessins d’Aglavaine et Sélysette et de Sélysette seule), à Wagner (Tristan), à Dante (Paolo et Francesca di Rimini), à Shakespeare (Ophélie), à une légende de la campagne romaine (Panasia), et en analysant sa façon de comprendre le portrait actuel. Le constant attrait qu’éprouve M. van Welie pour les créations des poètes, auxquelles il rive de donner à son tour une figure, ris-querait de faire de sa peinture un art trop préoccupé de pensées littéraires, visant plus à raconter, à suggérer une anecdote, un roman, un draine, qu’à satisfaire par l’expression directe de la forme et de la couleur ; mais son goût pour la recherche du caractère individuel, de l’expression profonde, ramène à la vie véritable les héros qui ne res-teraient sans cela que des person-nages de théâtre, n’exprimant qu’un sentiment flottant, à l’égal du pay-sage qui les encadre. Ce sont des figures que M. van Welie veut peindre, des figures émouvantes par ce qu’elles reflètent de souffrance ou d’inquiétude vague devant le mystère des destins, car son oeuvre est toujours portée vers une belle mélancolie, affirmant la gravité de la pensée devant la vie. C’est en des figures réellement vi-vantes que l’artiste incarne les êtres qu’il emprunte à la légende, à l’his-toire ou à la littérature; elles se précisent avec leur construction forte, leurs traits propres, car c’est déjà ici du portrait, et il a choisi et dé-nommé ses modèles selon la signi-fication morale que lui semblait com-porter leur physionomie. Mais cette expression même, c’est bien par des lignes, par des plans, par des accents personnels qu’elle se révèle sur le visage humain, et le peintre, en les transcrivant, en leur accordant toute leur valeur psychologique, pour ainsi dire, n’outrepasse pas les bornes de l’art du dessin. Il est certain que M. van Welie compose toujours avec grand soin ses tableaux, et que tous les élé-ments concourent à l’expression sentimentale ; on peut en avoir un exemple par La Princesse et le Page, où la pose de la Princesse, la tête fortement modelée du jeune homme, le pli de ses lèvres, la lueur de ses yeux, ses mains fines et nerveuses, sont des détails évidemment voulus et com-binés pour donner la plus grande somme d’expression possible ; et il n’est pas jusqu’à cet oeillet d’un rouge sombre, émergeant seul d’un vase étroit, qui ne mette dans un coin une tache intentionnelle, comme un sceau sanglant. Sauf ce motif accessoire du vase et de la fleur, la composition reste très sobre; la scène est admirablement comprise dans son ordonnance grave, et l’impression de-A. VAK WELIE 25 AGLAVAINE ET SÉLYSETTE