AVRIL 1902 celui décoré de roses ou celui fleuri de violettes. Il n’y a, malheureusement, pas de doute que les intelligents spéculateurs auxquels est venue l’idée de cette publication feront une bonne affaire. Notre organisation sociale se prête merveilleusement au développement du goût de la collection, parce qu’elle ne nous laisse pas d’instants pour le recueil-lement et la contemplation. Le mariage, en accolant les créatures humaines deux par deux, met obstacle à l’isolement dans lequel la pensée éclôt et se fortifie. Les cerveaux d’une vigueur au-dessus de la moyenne peuvent s’abstraire de ces conditions plus ou moins ; mais ceux de force ordinaire y renoncent vite et sont réduits à chercher un aliment à leur besoin d’activité dans les petits passe – temps , en même temps qu’un déri-vatif aux ennuis de la captivité. Aussi, les mar-chands de bric-à-brac, les négociants en timbre-poste, ceux en cartes postales illustrées et gé-néralement les trafiquants d’articles de collections feraient très bien de ne pas reculer devant quel-ques subsides aux ligues pour la défense du ma-riage, si menacé de toutes parts. Tout cela nous en-traine un peu loin de notre sujet. Pour revenir au meuble et tacher de tirer de divagations pa-radoxales des conclusions pratiques, je serais assez d’avis de réserver l’sar-tistiques pour les meubles de salon. On ne peut pas en avoir beaucoup de bon ; donc, limitons sa part. D’ailleurs, il ne faut pas regarder de trop près à ce qu’on met dans un salon ; si l’on voulait que tout y fût d’un goût attique, on n’arriverait jamais à l’emplir. 1,, • domaine du caquetage de ces dames, de l’exhibition DA EL NEC de leurs toilettes et des actes importants de leur vie, visites, tasses de thé, etc., comporte une foule d’accessoires spéciaux et constamment variables qu’il serait vraiment trop difficile, et trop cruel pour elles, de soumettre aux lois d’une raison.. … raisonnable. Dans ce sens, les meubles de salon de M. Majorelle, déjà nommé, sont typiques. Un critique, forcé par métier de se placer au point de vue absolu — triste rôle ! — peut y trouver à redire ceci et cela ; cela n’empêche qu’ils répondent admirablement à ce qu’on attend dans un salon français d’aujourd’hui. Ils sont neufs, audacieux, mais il est fort rare qu’ils côtoient le choquant — comme beaucoup d’autres produits de 1′ ,‹ art moderne — môme dans leurs hardiesses les plus osées. 2 1 1,1,1, EN Bols ne CHÊNE