L’ART DÉCORATIF fractaires à la production de papiers peints bien composés, réellement bien conçus pour le rôle qu’ils sont appelés à jouer, et agréa-bles à avoir journellement sous les yeux. Nous devons le dire, le papier anglais triomphe toujours jusqu’à nouvel ordre, et c’est toujours sur lui que nous sommes obligés de compter si nous voulons recou-vrir nos murs selon nos goûts logiques et à des prix abordables pour tous les amateurs. Et malgré cela, la notice d’introduction du catalogue de la classe 68 (Papiers peints), à l’Exposition Universelle de 1900, se terminait sur cette phrase satisfaite, enregistrant d’avance la victoire : , Nous conservons ce-pendant toujours notre supériorité art point de vue du bon goût et de la variété des dessins.’ Il est dangereux de se décerner à soi-même de semblables diplômes, lorsqu’on ne se donne pas la peine de les appuyer de preuves irréfutables. L’Exposition Univer-selle elle-tueuse n’a donné dans cette indus-trie que des résultats fort médiocres, et la section française ne montrait que bien peu de modèles heureux. Il ne faut pas se dissimuler sans doute les difficultés de composition dont on a à tenir compte lorsqu’on cherche un modèle de papier peint. Quelle est au fond la desti-nation du papier peint ? Quelles exigences doit-il remplir? Beaucoup se contentent de penser, sans aller plus loin, qu’on lui de-mande de couvrit- les murs de nos chambres de motifs colorés, simplement pour masquer les froides surfaces de plâtre. L’exigence ne serait pas grande et donnerait carrière à toutes les fantaisies du dessinateur; mais il y a d’autres lois à considérer. Le mur est une surface plane qui borne la pièce; le décor mural doit donc rester bien à son plan, sauf dans des cas assez rares peut-être où, sur quelque panneau, on peut souhaiter de voir se prolonger fictivement la perspec-tive; mais c’est là une circonstance excep-tionnelle, qui n’est d’ailleurs pas à envisager dans l’emploi du papier peint. Le papier peint doit, d’une façon générale, fuir tout ce qui peut ressembler au trompe-l’oeil, au bouquet ‘,art naturel„ par exemple; c’est un décor plan qu’il nécessite, il doit arrêter d’une surface nette l’horizon de la chambre. Cette nécessité se développe encore dans un sens particulier : en effet, la tenture mu-rale, formant une surface plane, est tout ta naturellement utilisée comme fond, et l’on y suspend des tableaux, des dessins, des gra-vures, des étagères supportant de légers bi-belots. Il importe donc que le grimoire ornemental du papier ne vienne pas se con–y( ■-re-7* *%-t-e-‘7* CGLANTINI. fondre avec les formes et les lignes qui se détachent sur lui, les absorber dans le dé-roulement d’un motif qui s’impose davan-tage aux yeux. Il faut donc des couleurs sobres, bien accordées entre elles, de même qu’un souci très spécial de compositions in-terdisant des motifs trop nettement dissé-minés sur le papier, et venant par suite ge-