L’ART DÉCORATIF sensibles ce qu’elles renferment de réve la-tent, leur physionomie et leur signification intimes. De tels esprits vraiment plairaient à l’auteur des Maitres d’autrefois. Ils ne contestent pas les progrès accomplis dans le domaine de la vision par ces réalistes naïfs et raffinés, ces virtuoses de la sensation qu’on posterait appeler les Goncourt de la peinture et qu’on nomme les impression-nistes. Ils adoptent même quelques-uns de leurs procédés, leurs décompositions chro-matiques, en les transportant de la lumière à la pénombre, mais ils se recommandent de maîtres ayant plus large envergure et, par certains talents très nobles, restés constam-ment au-dessus du réalisme, par Cazin, Whistler, Eugène Carrière, Fantin-Latour —- par Puvis et Besnard encore, malgré leur manière pâle ou flamboyante — renouent avec les Ricard, les Prud’hon, les Claude Gellée, les Poussin, avec la tradition de l’Idéal. Ces artistes nouvellement révélés sont d’ailleurs bien différents d’inspiration, de tempérament, de métier. L’un d’eux, M. Lucien Simon, nous en a montré le groupe le plus sympathique dans la toile du Salon de 1889, où, près de Charles Cottet, d’André Dauchez, d’Édouard Saglio, sourit, plein de vigueur physique et de sérénité morale, le rénovateur du paysage réfléchi, René Ménard. Le talent de M. René Ménard est grave et profond, infiniment riche, réunissant dans une admirable plénitude l’expérience des plus grands maîtres. Touché de bonne heure par la grâce et la splendeur du monde, l’ar-tiste a demandé aux peintres d’autrefois le secret de leurs traductions. Il a confronté les spectacles naturels et les plus belles images des musées. Il a goûté l’atmosphère incomparable, la vivante clarté, la fine et magique dorure dont Claude Gellée caresse