L’ART DÉCORATIF encore beaucoup de place à l’avenir, mais les éléments ne manquent pas, et l’activité de M. Gus-tave Soulier nous garantit pour les années pro-chaines une participation plus abondante des artisans modernes. ÉMILE SEDEYN. CHRONIQUE EXPOSITIONS DU MOIS. – Par suite d’un acci-dent, nous n’avons pu rendre compte, dans le dernier numéro de l’Art Décoratif, d’une fort curieuse manifestation. Les exigences de l’actualité ne nous permettent plus aujourd’hui que de la rappeler brièvement. Chez Ch. Hessèle, 13, rue Laffitte, se trouvaient réunis, du 16 au 31 janvier, cinquante-trois dessins de M. Vieil-lard. Des vues du Havre : quais encombrés, chaos d’embarcations, enchevêtrement de mâtures sur des ciels sombres, perspectives de ville grouil-lante et fumeuse; des aspects de Paris aux heures dti matin et du soir : quartiers populaires où passent la marche fatiguée des travailleurs et la course délurée des trottins, où dévalent les om-nibus, où se déchaîne la joie des « Mi-Carême » et des « Quatorze Juillet »; des intimités enfin : scènes familiales, ébats d’une jeune mère et de son enfant. Tout cela plein d’émotion, de vraie tristesse, de saine gaîté, de franchise, noté à larges traits noirs, relevé au crayon de couleur, sobrement, selon le brusque éclat d’une jupe, la tombée d’un rayon soudain. M. Vieillard se révèle comme un observateur de la rue singu-lièrement averti, décidé, sensible. Ses croquis de chevaux surtout nous retiennent par la justesse du mouvement, par l’intensité de l’expression. Ils nous promettent de belles oeuvres. Petite galerie Drouot, z3, rue Drouot, après une exposition collective où figuraient entre au-tres des paysages de Dambeza, c’est l’exposition particulière des toiles et dessins d’Henri Jamet. Elle affirme un heureux sentiment rustique, d’in-téressantes recherches de composition et d’éclai-rage. A l’American Art Association, z, impasse de Conti, excellente assemblée de peintres et de sculpteurs. Les premiers , pour la plupart sous l’influence de Whistler, poursuivent, à l’exemple de leur glorieux compatriote, les har-monies sourdes et voilées. D’ailleurs, ce mode d’expression semble convenir à l’âme américaine, forte, sérieuse, éprise de correction discrète, mé-prisant le luxe des costumes, la vanité des ap-parences. M. Frieske, remarqué par nous au Sa-lon de l’Internationale, montre deux figures de femmes, présentées avec un goût rare et parfait, l’une simplement vètue, toute de stricte élégance, l’autre sans corsage, accroupie près de son lit, dans une pose méditative. L’observation est vive, aiguë, la touche large et prompte, la couleur extrêmement savoureuse en dépit de son volon-taire effacement. L’étude de M. Humphreys-Johnston nous paraît un peu sommaire, mais nous connaissons de cet artiste des oeuvres qui prouvent un esprit sincèrement ému de la grâce charnelle, de la beauté. Signalons un paysage de M. Gibon, dont l’enveloppe est impression-nante; un autre de M. Dufner, sombre aussi et bien composé; une maison rose et des arbres à l’automne de M. Eugène Vail; une vibrante ma-rine de M. Singer; le caractère des « miséra-bles » de M. Higgins ; la Venise nocturne de M. Faulkner et la rue de village peinte par M. Lionel Walden, mystérieuse et verte sous la lune; une toile, enfin, assez bizarre de M. Har-rison. A la sculpture, des objets d’art en bronze patiné de M. Bartlett, des statuettes aimables de MM. de Tarnowsky, Jarnowsky et Simons mé-riteraient une description détaillée. M. Spicer-Simson est, comme toujours, ingénieux, ner-veux, coloré avec ses figures et ses bibelots, avec ses reliures où la fleur fragile du pissenlit se trouve interprétée dans un sens curieusement décoratif. A. T. LA SOCIÉTÉ POUR DÉVELOPPER L’ENSEIGNEMENT DE L’ART RELIGIEUX a tenu, !e io février, sa première réunion sous le patronage de MM. Léon Benouville, architecte en chef des monuments historiques et des édifices diocé-sains, président; J. C. Chaplain, Henry de Chen-nevières, Didron, Vincent d’Indy, G. de Jaer, Ch. Lameire, E. Lefébure, Albert Maignan, Luc-Olivier Merson, O. Roty, Marc Sangnier. Plusieurs commissions ont été nommées; l’une d’elles est chargée d’organiser une école où les ecclésiastiques, envoyés par leurs évêques, vien-dront compléter leur formation artistique en vue de professer ensuite dans les séminaires. Le but à atteindre, par cette école, est d’aider les prêtres à acquérir les connaissances qui leur sont indispensables pour prendre, d’accord avec les architectes diocésains, les mesures utiles à la conservation des édifices confiés à leurs bons soins. Le secrétariat de la Société est installé 53, rue Bonaparte. 258 R1 CTIFICATION. – Deux confusions se sont produites dans les légendes des frises re-produites dans le numéro précédent de l’Art Décoratif. La frise de la page 208 est de MI » Weiss; les deux frises de la page 209 sont de M. Jacques Bille.