L’ART DÉCORATIF séduire et ll’enthousiasmer. L’oeuvre plut au peuple, pour qui elle était faite, et ce fut une des premières grandes joies du créateur. Ainsi, tout doucement, d’effort en effort, l’architecture nouvelle se fit une place dans l’opinion, trouva des partisans, puis des adeptes ; et si, au nombre de -ces derniers, quelques-uns ont fait fausse route en laissant s’égarer leur verve excessive et celle qu’il leur arrive d’emprunter à autrui, il n’en restera pas moins, parmi eux, plus d’un nom à retenir et à honorer dans l’avenir. Dans sa modestie extrême et dans sa retraite ignorée de la foule, Victor Horta:est un précurseur, un novateur. Assurément, d’autres architectes ont pu, en même temps que lui, et sans rien lui emprunter, construire eux aussi des hôtels et des habitations en harmonie avec la vie, les besoins et l’âme de leurs habitants. Mais aucun n’a su apporter à la fois autant d’imagination et autant de mesure dans la forme et dans la composition. D’autres ont réussi, à force de simplifier, à nous donner des intérieurs sobres et plaisants, où rien ne choque et ne blesse la vue, mais où tout garde une monotonie un peu sévère, par excès de sobriété. Au contraire, les hôtels de M. Horta sont des compositions verveuses et colorées, largement traitées, débordantes de lumière et de gaieté douce, et savent, malgré cela, conserver l’élégance discrète qui sied au véritable bon ton. V. HORTA 236 HALL CHEZ V. HORTA Au surplus, nous voici arrivé au point où tout article doit devenir descriptif et suivre, en s’y arrê-tant plus ou moins, les détails de l’illus-tration. Les photo-graphies qui sont reproduites ici mon-trent autant qu’elles peuvent le faire, c’est-à-dire fort im-parfaitement, quel-ques parties de trois des plus récentes constructions de M. tor Horta. La première est un somptueux hôtel élevé sur l’avenue Louise pour M. Solvay. C’est une des oeuvres les plus originales de son auteur, une de celles aussi qui lui ont offert, comme habi-tation privée, les res-sources les plus larges et les plus variées. Il a pu y faire intervenir à son gré, et avec toute l’ampleur désirable, ces jeux de couleur et de lumière qui sont un des côtés