L’ART DÉCORATIF la discipline jusqu’alors admise, l’habitation, cette fois, était faite pour l’habitant, conforme à ses goûts, à sa vie, à son esprit. En répu-diant les conventions techniques et celles du style, l’architecte, il est vrai, s’était fait l’es-clave de règles autrement étroites et difficiles. Depuis les boutons des portes jusqu’aux chapiteaux des minces colonnettes en fer substituées aux piliers trapus d’autrefois, toutes les formes avaient été étudiées et réa-lisées pour concourir dans l’ensemble aux conditions d’harmonie, de raison et de sens pratique qu’on avait recherchées. La distri-bution des pièces, le dessin des rampes et des balcons, la couleur sobre et gaie des vitraux, les tons divers des boiseries et des matériaux de toutes sortes, concouraient eux-mêmes, visiblement, à la vie de la maison. Et cela fut trouvé extraordinaire et dérisoire, cette maison harmonieuse et vivante, après tant de maisons mortes. A celle-ci, cependant, d’autres succédèrent assez vite. Et c’est merveille, vraiment, que les idées les plus neuves et les plus com-battues trouvent quand même une élite pour leur donner les moyens de se révéler. Peu à peu, les constructions de Victor Horta firent du bruit dans le monde. On vint les voir d’Angleterre, d’Allemagne, de France. Quelques-uns en comprirent la beauté et l’admirèrent; d’autres, qui n’avaient pas com-pris, admirèrent néanmoins, car ils avaient entrevu une idée, — une idée de réclame et de fortune. Puis, ce fut la Maison du Peuple de Bruxelles, un effort presque colossal, où le génie tout neuf et tout jeune de Victor Horta trouva un champ d’études dont l’am-pleur et les multiples exigences devaient le V. HORTA 234 MAISON DE M. HORTA (DÉTAIL DE LA FAÇADE)