L’ART DÉCORATIF doucement dédaigneux de l’opinion et ne faisant attention qu’à la peinture, son grand et son unique amour. Manet a été un ba-tailleur, un novateur et un combatif dont les oeuvres ont fait scandale dans les salons, dont on craignait les mots, et dont toute la nature était celle d’un chef d’école. La cri-tique indépendante est allée chercher Claude Monet dans ses paysages. Degas s’est enfermé, pessimiste et hautain, et parce qu’il fermait sa porte et ne voulait pas qu’on s’occupàt de lui, la rumeur publique, jalouse des soli-taires, a voulu le connaître. M. Renoir ne s’est ni montré ni caché : il a peint selon son rêve, épanoui le sourire de ses oeuvres, sans mêler son nom ni sa personne au vaste tumulte qui s’élevait autour de ses amis. On n’a pensé ni à l’exalter ni à l’ensevelir. Et à présent, à cause sans doute de cela, son oeuvre apparaît plus fraîche, plus jeune, ne traînant pas après elle des commentaires, des sarcasmes, des polémiques célèbres, elle reflète le soleil, elle s’impose à notre admi-ration, candide, primitive, animale, rieuse et nue, comme une de ses baigneuses. CAMILLE MAUCLAIR. VICTOR HORTA certain quartier paisible de Bruxelles, très loin des brasseries du boulevard Ans-pach, il est une petite rue silencieuse, toute pareille à ces rues nouvelles de Passy et d’Auteuil, où chaque logis qui s’élève semble effacer un dernier sourire de campagne. Des nids de verdure y subsistent entre les claires façades neuves, derrière lesquelles se devine, large, copieuse et pondérée, la souriante vie du bourgeois brabançon. C’est une voie peu fréquentée, qui mène à la paix du travail et à la paix du repos, — non point à la fatigue des plaisirs. Le passant qu’on y croise n’y est pas venu sans but. Il avait une idée arrêtée en gagnant ces trottoirs déserts. On lui a parlé vaguement, — oh ! bien vague-V. HORTA 230 HALL DE L’HOTEL DE M. SOLVAY