L’ART DÉCORATIF ainsi dire les fronces — ou bien un semis d’éléments de la grosseur d’un oeuf, assez largement espacés, voilà ce qu’il faut. Au lieu de cela, on imprime pour le quart d’heure sur ces mousselines des dessins à grands motifs, rythmés en travers ou diago-nalement : il paraît que c’est la mode. Cela donne de grandes flaques, s’étalant au hasard, bêtement, à travers les fronces ; on croirait un pot de couleur renversé sur l’étoffe. C’est lamentable. Neuf fois sur dix, le motif savant est perdu, ou fait tort. C’est la beauté de l’é-toffe, ses reflets ou ses matités, les jeux de la lumière, ceux des taches de couleur dans le fond ou sur la crête des plis, comme disciplinées dans le caprice du hasard, les contrastes avec les surfaces environnantes qui font tout. Le dessin en lui-même est une affaire tout à fait secondaire. L’effet désirable s’obtient aussi bien ici, souvent mieux avec des motifs fort ordinaires qu’avec des chefs-d’oeuvre de composition. Un peu moins d’amour-propre et plu. -v%4teeee• rteewfeseie -orimeib; 4.,if_ofetor 4 0 de raisonnement ! Aimons l’art, mais que tout ne soit pas prétexte à des exercices artistiques. Il n’est pas besoin, pour le renou-veler, d’en faire une marotte, comme quelques toqués le voudraient. L’art est à notre service, nous ne sommes pas au sien ! Revenons à la décoration murale. Artistes et public tendent insensiblement — on l’a vu tout à l’heure — à réduire le motif unifor-mément répété sur les murs à une condition dont la limite, dirait un algébriste, est le simple jeu de fond, la texture. Jeu de fond ou surface unie formant le champ offert à l’ordonnateur de l’intérieur pour la déco-ration, c’est-à-dire pour le fait remarquable qui, s’enlevant sur ce fond, va nous frapper, nous égayer ou nous bercer. Sur le choix du champ uni ou du champ texture, il n’y a pas grand’chose à dire. C’est affaire de tempérament. Les uns préfèrent le premier, d’autres se trouvent mieux du second : de même certains veulent, en la femme, la beauté calme, paisible, se-reine, tandis qu’il la faut aux autres mobile, se déplaçant sans cesse comme la surface de l’eau frissonnant sous la brise. Ces prédilec-tions-là ne se discutent pas. Les peintres pré-fèrent en général l’uni au papillottant; ce qui peut s’expliquer par cette parole typique de M. de Feure, rapportée l’autre jour dans cette revue: „une grande surface blanche, c’est beau » — qui signifie que l’immobilité dans la couleur, comme le droit dans la ligne, est en certains cas la plus haute expression de la pu-reté. En revanche, les fonds textures se prêtent mieux à produire l’impression de richesse. Maintenant, où et comment la décoration s’enlèvera-t-elle le mieux sur le fond mural 210