L’ART DÉCORATIF Les expositions, les concours, les vitrines montrent en foule les compositions à grands motifs savamment étudiés, bien en vedette, crevant Pœil, et chacun tombe dans le piège qu’elles tendent à notre admiration. On s’a-bandonne au plaisir de ces beaux dessins ornementaux, oubliant qu’il ne s’agit pas de contempler quelques minettes l’échantillon sur lequel ils se répètent trois ou quatre fois, mais de vivre dans l’appartement où leur indéfinie répétition, de quelque côté qu’on se tourne, devient une obsession. La beauté du motif, c’est la satisfaction de l’amour-propre de l’artiste, satisfaction qui s’exerce le plus souvent au détriment des qualités essentielles du revêtement. Pour juger de celles-ci, il faut faire abstraction de la première. La valeur intrinsèque du motif n’entre pas un seul instant en ligne de compte. Plus l’existence individuelle du motif, uniformément répété, s’accuse dans le champ de l’ensemble, plus l’étoffe ou le papier de tenture joue son rôle à faux. Les artistes ont conscience de la contra-diction que je viens de signaler. Les meil-leurs s’efforcent aujourd’hui de neutraliser 4*-‘,, si W  » .e>„,..,e7e, 1.. ,,,,, « i’• ,, « ,:‘,..» ljtir Ç–»ye  »’, oit ‘ ,  » .. « t te, . e’i « ‘ :,- Mo. dtuiGNEU le motif en éteignant les tons, en enche-vêtrant les répétitions, etc., en sorte que l’in-dividualité de chaque unité s’affirme le moins possible. En d’autres termes, ils s’ingénient à composer de beaux motifs, en prenant toutes les précautions du monde pour qu’on ne les voie pas. Singulier travail ! Quoique ce qui va suivre ne se rapporte pas directement à la décoration murale, je ne résiste pas à m’attarder encore un peu sur l’emploi qu’on fait du motif unifor-mément répété dans d’autres cas. Nous le retrouvons sur les portières, les rideaux, bref, tous les équipements d’intérieurs où le tissu n’est pas tendu, mais plissé, réguliè-rement ou non. Des milliers de dessinateurs dépensent le meilleur d’eux à chercher des motifs beaux, rares, ingénieux pour les ào8 Cadot éd. étoffes qui doivent servir à ces usages. Eh bien, ce n’est pas la peine ! D’abord, du moment que l’étoffe n’est pas tendue, ces beaux motifs, on ne les distingue pas. Ensuite et surtout, trois fois sur quatre, ils contrarient diamétralement les conditions à remplir par l’objet auquel on les applique, et sont une nuisance détestable. Un exemple, au hasard, pour montrer: celui des rideaux de vitrage en mousseline imprimée. Une des plus jolies manières de les arranger est en les coulissant haut et bas ; le rideau, tendu, est creusé de sillons verticaux par les fronces arrondies. Quelle condition le dessin doit-il remplir ici ? Évidemment, que son rythme s’accorde avec celui des fronces ; que le premier n’em-brouille pas le second, et vice-versa. lin motif étroit, montant droit, épousant pour