L’ART DÉCORATIF aura à y poser, repose à ses deux extr4mités sur deux mêmes consoles rejoignant les pieds. La silhouette imprévue de la silhouette est encore une fois d’accord avec sa meil-leure compréhension. Et l’on peut remarquer aussi ce meuble d’antichambre, dont le fronton rayonnant offre plus de surface pour supporter les portemanteaux, en même temps que le dessin intéressant se trouve par cela môme trouvé. On serait heureux si de tels exemples pouvaient convaincre tous ceux qui cherchent des formes nouvelles de meubles qu’ils ne doivent pas prendre pour point de départ de leurs recherches la nouveauté à toute force, niais la compréhension aussi exacte que pos-sible du meuble qu’il s’agit de réaliser, de sa nature, de sa place, de son utilité véri-table. On peut être assuré que l’originalité vraie et estimable s’ensuivra ; cette intelli-gence lucide du meuble ne peut aller sans elle. Gi SME SOULIER. LA RENAISSANCE DES ARTS DÉCORATIFS ET SON INITIATEUR EN FRANCE’ Sla brume angoissante de l’hiver, les „. » ruines mêmes de l’Exposition dispa-raissent… Mais d’autres vestiges demeurent comme un enseignement. Et le souvenir n’est pas à jamais perdu de ce qui fut, pendant six mois, la revanche ostensible des arts, si longtemps méprisés, du décor. Ce lumineux souvenir se présente aujourd’hui sous forme d’un beau livre. En sa couverture originale de Georges Auriol et richement illustré par l’héliogravure, ce volume a pour titre : La Décoration et les Industries d’art à l’Exposition universelle de luoo; il a pour auteur celui même qui a provoqué cette renaissance : un philosophe militant, qui peut la revendiquer comme son oeuvre. Nos lecteurs ont nommé M. Roger Marx. Toutes les illustrations de cet article sont extraites de l’ouvrage « La Décoration et les Industries d’art à l’Exposition universelle de 1-900 ”, par M. Roger Marx (Ch. Delagrave, éditeur; Paris, tgoi.) A l’heure d’une victoire acquise ou d’un progrès obtenu, la curiosité, d’accord avec la justice, se plaît à remonter vers les ori-gines, à comparer t9oo, qui fut un midi, avec 1889, qui n’était qu’une aube. En re-gard du passé, le présent n’apparaît que mieux en son vrai jour. Le rayon réchauffe plus vivement quand on évoque l’ombre où il prit naissance. Et maintenant qu’il n’y a plus guère de critique d’art, ou plutôt que la critique d’art se met en péril, en subor-donnant trop volontiers les perspectives aux exigences toujours accrues de l’actualité, n’est-il pas d’autant plus attachant de ren-contrer, au seuil de cette renaissance déco-rative, non seulement une érudition qui connaît par coeur le passé, mais une âme vigilante, active, audacieuse, réformatrice, qui prévoit et conduit l’avenir : telles, en Angleterre, au milieu du « siècle dernier t, les voix écoutées des William Morris et des John Ruskin ; et telle, parmi nous, voici douze ans, la clairvoyante conviction de M. Roger Marx. Si l’historien qui explique les résultats se fait écouter, combien plus per-suasif apparaît le penseur qui les prépare ? Aussi bien retrouvons-nous avec joie dans nos dossiers un numéro jauni du Vol-taire, daté du ler mai 1889; à propos du vernissage routinier, de l’ouverture du Salon qui n’est pas le résumé’, de la production contemporaine, puisque nos chefs d’école en sont absents et que nos ouvriers d’art en sont exclus, M. Roger Marx s’élève, dès lors, avec feu contre cet ostracisme : « Comme s’ils ne s’étaient point placés au rang des créateurs en donnant la forme et la vie à la matière ! Comme s’ils ne méritaient pas le titre d’artistes et la part d’applaudissements que la mode s’est accoutumée à réserver sans partage, en dépit de toute équité, aux expo-sants du Palais de l’Industrie ! » Et l’écrivain ne se contente plus de protester, de déplorer un état de choses vraiment inique et ruineux; ses regrets se haussent jusqu’à ce cri d’avant-garde : e Un Salon significatif sera celui qui montrera l’effort esthétique d’une année, sans réticences d’aucune sorte, qui assemblera les travaux de tous les novateurs, en vue