FÉVRIER 1902 mettons sous les yeux de nos lecteurs, quel-ques exagérations de formes, quelques re-cherches un peu outrées, quelque parti dis-cutable, on n’en sentira pas moins que l’artiste a été sincère avec lui-méme, et que s’il y a de sa part une erreur partielle, il a cherché cependant à rester dans la limite légitime de nos tendances actuelles. Car nous devons etre les premiers à en convenir, en présence de tous les mobiliers nouveaux qui jaillissent de plus en plus de toutes parts: il y a moderne et moderne! Et il est bien certain que nous nous expliquons le discrédit dans lequel ont pu tomber les revendications de l’art moderne auprès d’une grande partie du public, qui n’a eu sous les yeux que des élucubrations hâtives, sans compétence comme sans conviction, laides et inaptes à toute destination pratique, ainsi qu’il en éclot chaque jour dans toutes les CH. PLUMET ET TONY SELMERSHEIM fabriques, presque dans tous les bazars. Nous tenons avant tous à protester, et à opérer la distinction entre ce qui nous parait etre les formes d’art légitimes correspondant à nos besoins et à notre esprit moderne, et ce qui n’est qu’un caprice sans fondement, ce qui prend le contre-pied même de notre caractère authentique en rejetant d’abord le bon sens et la simplicité. Il est clair que pour nous l’art moderne ne consiste pas à user dans le décor d’une flore démesurée et sensée au hasard, sans un dessin concerté, sans une volonté très nette de composition faisant partie intégrante de COIN DE SALLE A MANGER la conception d’ensemble. Il ne consiste pas davantage dans les contorsions perpétuelles données à toute ligne, dans les tours d’équi-libre qu’ont sans cesse l’air de jouer ces meubles mal nés, de même qu’il ne consiste pas, en sens inverse, dans une sécheresse et une pauvreté de formes qui mentent à notre besoin natif d’élégance,. au souci des modelés souples et des beaux développements. De plus en plus, à mesure que grossit la production courante, à mesure que les éti-quettes d’,, art nouveau,, et de s modern style» s’apposent de tous côtés sur des meubles qui ne sont que de hideuses caricatures, et qui tn■