L’ART DÉCORATIF sentent beaucoup mieux le mode de beauté que leur construction comporte, beauté qui sort uniquement de formes « géométriques élégantes, d’un métal superbe, et d’une fabri-cation si visiblement irréprochable, qu’elle en devient une jouissance pour l’oeil : ce qui, soit dit en passant, fait ressortir l’inanité des déclamations mises un instant à la mode par Ruskin et William Morris sur la laideur des produits du travail mécanique et le salut de l’art industriel dans le retour au travail à la main. Plusieurs industriels allemands ont orga-LI t. aisé leur fabrication depuis trois ou quatre ans, sinon sur les menses procédés techniques, aul moins d’après un principe esthétique voi-sin de celui de Benson, c’est-à-dire le prin-cipe du «bel ustensile». Mais ils ont rem-placé les formes géométrique, du fabricant-artiste anglais, dans lesquelles chacune des pièces dont l’assemblage constitue la monture est ployée dans un seul el meule plan quel que soit le nombre de se, courbures, par les formes à courbures complexes dont M. Van de Velde fut l’instigateur. et que l’influence considérable prise par l’artiste belge en Alle-magne a répandues dans toutes les branches de l’art industriel en ce pays. Une lampe de table de la maison Siefert, dessillée par M. Richard Muller et reproduite ici, montre un exemple du genre, qui, sans avoir la pureté de lignes de Benson, peut avoir sa beauté quand les contournements hélicoïdaux, les brusques changements de direction. les com-plications de courbures en un mot ne sont pas poussées jusqu’à l’abus. Cependant, ces combinaisons de lignes hélicoïdes ne sauraient, selon nous, donner des formes aussi pures que celles restées classiques, telles que le trépied et le tétrapode, précisément parce que celles-ci sont les réalisations les plus naturelles d’un mode d’équilibre donné. Pour cette raison, le lampadaire du mémo artiste et du même fabricant représenté plus loin satisfait mieux. Line forme générale différente de toutes les précédentes est celle de la lampe de M. J. Ideleu. Quoique déroutant un peu les habi-tudes de l’oeil au premier abord, on s’aper-çoit vite qu’elle n’est pas sans logique; elle donne un objet d’apparence légère et fort bien en main. Aussi cette lampe, coup d’essai d’un jeune débutant dans la composition dé-corative, s’est répandue de suite dans le com-merce parisien. En somme, la lampe à support droit reste le type par excellence, et le seul dans lequel l’art industriel puisse poursuivre avec succès la réalisation de l’ustensile décoré, c’est-à-dire de l’objet atteignant tel degré de richesse que son prix comporte, sans que le caractère de l’ustensile nécessaire s’y change en celui du bibelot importun. Au regard de la décoration, nous avons choisi pour les reproduire, parmi ce que nos industries d’art ont produit de meilleur, quel-ques lampes diversement comprises. Celles 164 FIND ART DOC