L’ART DÉCORATIF ce n’est pas un éperdu crescendo de surna-turel, mais une renaissance du goût classique frayant avec toutes les curiosités les plus neuves ; et cela, dans l’unité d’un sobre idéal. L’art d’un Rivière, c’est d’unir le particulier au général sans lequel il n’y a pas plus d’art que de science, de marier la particularité du site à l’infini de l’hure, de choisir telle loca-lité qui convienne à tel clair et telle couleur qui s’accorde avec telle arabesque, enfin d’ex-traire de la nature qui propose l’art prémé-dité qui seul dispose. I,es titres mêmes des actes principaux de sa Féerie se portent garants, dans l’absolu de leur vague. C’est, avant tom. (,Aube, la Nuit… Et le délicieux Premier quartier ne vaut-il pas toutes les pédantes leçons d’esthétique ? La technique de Rivière procède, comme son esthétique même, par succession : de même que le décor se déduit peu à peu dans le regard de sa pensée depuis l’étude loyale sur le vif jusqu’à la savante magie du fève, de même chaque lithographie colorée s’obtient par une série de tirages patients, de repérages délicats, d’épreuves se rappro-chant de plus en plus du résultat rêvé par le créateur. Comme le burin d’un Gaillard, la lithographie d’un Rivière passe par nombre d’états, — parfois une vingtaine pour une seule planche! Les pierres et les encres se succèdent, les lignes et les teintes se super-posent ou voisinent, les aspects défilent et s’agrègent, les tons se rapprochent ou se fondent, les dégradés les plus tins ont fleuri sous la presse, au commandement de l’artiste: l’illusion naît. Mystère encore pour la foule et féerie des heures laborieuses! Étonnant alliage d’art et de science, qui fait avancer non seulement le procès toujours pendant du paysage aux yeux des philosophes, mais celui, palpitant, vivant, de la couleur sur l’estampe! Tout est dans la virtuosité de l’impression, du tirage, datas le tour de main et dans d’oeil du maître, que n’ont pu vaincre à l’envi ni la chromolithographie vulgaire ni le savoir mécanique des chromistes! Observez telle reproduction piteuse, avec ses lie-de-vin qui voudrait jouer les roses! Le crépuscule est rebelle au procédé mercantile. Et les Japo-nais sont dépassés sur leur terrain même. Avec les bois d’abord, avec le canif ro-buste et les à plat du Pardon si ferme, avec la série toujours poursuivie des Paysages bretons colorés d’après tant d’aquarelles iné-dites, — ensuite avec la lithographie et le trait gras sur la pierre, au Chat-Noir enfumé comme au grand air salin de la Bretagne, en été, découvrant des sites et piochant des motifs d’après nature, en hiver, chez l’im-primeur, élaborant son rêve et dirigeant la perfection du décor, un artiste a voué sa vie entière à son art: bel exemple de labeur et d’inspiration! Le dimanche seulement, il n’abandonne les presses de Verneau que pour se cloitrer dans ses collections, parmi l’es-tampe japonaise, au pied de la Butte sacrée, auprès des meubles familiers de sa composi-tion, de son choix, dont les blondes lignes, toutes françaises encore, donneraient d’utiles conseils à notre modern style, en se rehaus-sant discrètement d’une pièce unique, laque d’or de Korin ou vase grec. Et que d’inédits en ses cartons, dans ses dossiers bourrés de croquis rayonnés, aquarellés, brossés, lavés d’après nature ou stylisés déjà par la volonté du décorateur! Que de manuscrits, pour ainsi dire, et qui n’attendent que l’impression! Que de séries rêvées auprès des séries qui nous enchantent! D’après ces Feux-Follets, devinez les Fantastiques, ou, d’après cette page inédite, l’album retenant les Trente-six vues de la Tour Eiffel! Et Le beau pays de Bretagne aux résumés vigoureux, en cinq planches! Et tant de Paysages bretons qui naissent encore de la pierre ou du bois! Contentons-nous du présent, qu’un prochain catalogue va dénombrer. Et disons, dès aujour-d’hui, que le nom de Rivière incarnera tout un chapitre de l’histoire de l’estampe et du paysage: après l’impressionnisme, il a son rang précis datas l’évolution. Avec Lepère, avec Bracquemond, avec Fantin-Latour, ce rédempteur de l’estampe originale, Rivière restera comme un des rares grands artistes de ce temps, après tant de gloires viagères et de réputations usurpées ! RAVNIONI, 1301,1,11. LA LAMPE poo,,e, de la lumière électrique n’a pas tué l’éclairage au pétrole, et ne le tuera pas de sitôt. L’électricité fournit des effets merveilleux, tant par l’éclatante blancheur de sa lumière et par la distribution des points lumineux, qu’on peut multiplier et placer comme on veut, que par les combinaisons tflo