L’ART DÉCORATIF créatures fantastiques, femmes matinées de serpent et de sphinx, invraisemblables de souplesse, abritant l’énigme de I railS inquié-tants sous l’immense panache d’un chapeau que pas une modiste du quartier Notre-Dame de Lorette n’osa jamais rever, comme une sorte de Barbey d’Aurevilly, un démo-niaque entouré d’accessoires parmi lesquels le livre relié en peau de femme ne serait que le moins bizarre. Il faut en rabattre. L’artiste aujourd’hui célèbre, dont quatre-vingts amis fêtaient il y • a trois semailles la nomination à la Légion d’honneur en un banquet, est infiniment moins noir que cela. Il fut, il est vrai, de la bande de jeunes peintres dont feu Léon Deschamps s’était fait l’impressario, et dont les petits salons de la Plume révélaient les essais passable-ment macabres — il y a huit ou neuf ans de cela. En ce temps-là, une épidémie étrange s’était répandue dans les ateliers de jeunes, de Montmartre à Montparnasse, une affection que les médecins auraient baptisée du nom de a gynophobite aigrie », s’ils avaient eu à s’occuper du cas; mais on eut le tort de ne pas le leur soumettre. La méfiance de la femme, sentiment qu’éveillent les pre-mières expériences des petits tours du beau sexe, et dont les manifestations ne vont pas ,I, ELISABETH ERBER union méritée. Aussi le grand-duc de Hesse, le mécène des artistes allemands, a-t-il appelé M. Paul Burck à Darmstadt, où ses plus récents travaux de broderie et de tapisserie, arts dans lesquels il excelle, ornent les mai-sons de la colonie d’artistes dont on a tant parlé l’été dernier. C’est encore une science approfondie du dessin qui fait la beauté des broderies de M. Élisabeth Erber, également de Munich. Le rythme des lignes y est précis et clair; cela est bien de l’ornement, et cependant les fleurs et leurs feuillages gardent une expression naturelle intense. La frise des campanules courbées sous un vent furieux, par exemple, donne d’une manière surpre-nante le sentiment de la chose représentée; et pourtant, son dessin est bien loin de cher-cher à copier la nature trait par trait. C’est un exemple très neuf, et très beau, de dessin réellement décoratif. JEANNE Puma,. UN ATELIER D’ARTISTE C’n, est vrai que la demeure est à l’image de celui qui l’habite, les illustrations de l’atelier de M. Georges de Feure que l’on voit dans ces pages doivent dérouter un peu le lecteur qui les contemple. J’imagine vo-lontiers qu’on se figure le peintre de ces .44 MB. ELISABETH ERBLI, FIND ART DOC