JANVIER 1902 QUELQUES BRODERIES pro- de la broderie cherche à se renouveler comme tous les autres , et c’est de bon augure.. Car, parmi tant et tant de choses empreintes de ce raffinement que nous recherchons aujourd’hui avec une sorte de fièvre, quels objets peuvent mieux nous retenir que ceux qui sortent de la main fé-minine et par cela même concourent le plus délicatement à ces deux pa-rures qui se complètent l’une l’autre : la parure de la femme, la parure de la maison? M. Jacques Bille et t, sons les plus favorables pour augmenter encore le charme de son travail. Le col de soie blanche, qui fut exposé au Musée Galliera, est charmant. Le dessin, s’adaptant heureusement à sa forme origi-nale, suit les contours, s’avance dans les rondeurs, s’épanouit, se resserre ou se con-tourne. Comme un rythme qui se répète viennent fleurir des églantines d’un rose tendre sur les bords découpés et arrondis, et les légères branches de feuillage nuancées dans des tons vert pale donnent un fond qui, doucement coloré, met en valeur les fleurs si fraiches. C’est le plus déli–ye DESSINÉ PAR JACQUES BILLE ,trur NI’, Ma-deleine Bille, deux tout jeunes gens, méritent d’être nommés par-mi les artistes dont on peut attendre le plus dans ce joli art. Dans leur association fra-ternelle, M. Jacques Bille compose les cartons et Mmt Madeleine Bille est l’exécutante. M. Jacques Bille a l’inspira-tion heureuse, naturelle et distinguée à la fois; ses dessins, très neufs, ne semblent pas, comme un grand nombre de composi-tions modern-styl u, tordus par la souffrance ou étirés comme s’ils étaient passés au lami-noir. Il puise avec le goût le plus sûr à l’or-nementation florale, si généreuse à offrir tant de combinaisons. Mu. Madeleine Bille a la main d’une légèreté incomparable et trouve les nuances les plus délicates, les combinai-catemenl du monde qu’est brodé au passé à peine remor-du ce dessin charmant, qui ne laisse dé-sirer rien, de-puis les petites épines des tiges élancées et lé-gères jusqu’au coeur grenu des fleurs. Il en est de même d’un devant de cor-sage de bal, dont le décolleté découpé aussi suivant les contours des fleurs et des feuilles est orné des mêmes fleurs, d’églantines roses, niais beaucoup plus grandes. Il est plat à la gorge et sur la poitrine, et en soie blanche comme le col; d’une petite couronne placée au milieu et formée nui-partie de petites églan-tines roses, mi-partie de perles opales, s’élèvent deux branches d’églantines qui montent vers les épaules où deux boutons s’entr:ou, rent, tandis qu’au-dessous les deux BRODE AR I. MADELEINE BILLE 139