L’ART DECORATIF représenter: c’est l’ivoire ordinairement pour le visage et les mains; le bronze, le marbre, l’onyx. pour les vetements; pour les parures, c’est l’argent, les pierreries. La logique et le goût président toujours à de tels assem-blages. L’ieuvre augmente de caractère sans rien perdre en unité. Car les figurines de M. Théodore-Rivière ne ressemblent pas à certaines inventions de maladroits imitateurs, lourdes, bariolées, chargées d’ornements comme des madones napolitaines ou des icônes byzantines. L’artiste déteste ëe clinquant, cette équivoque verroterie; il apporte à ses Fé:111,111011S polychromes infiniment de dis-erétion. Artisan de ses propres irut ses, il les exécute avec l’intelligence la plus attentive. Je ne crois pas qu’il ait manqué de mesure dans la moindre entreprise et si j’ai pu, lors LA VIERGE 171, « N,_{ des derniers Salons, blâmer la bigarrure de la Brodeuse arabe, c’est qu’un incomparable orfèvre avait répandit sur cette forme char-mante l’excès de sa prestigieuse joaillerie. M. Théodore-Rivière me pardonnera sans doute de rappeler cette critique. Il ex-cuserait moins volontiers une louange im-modérée. D’ailleurs, je l’ai dit, les objets qu’il exécute lui-merne sont exquis d’a-propos, de tact, de raison solide et riante, comme aussi bien de convenance décorative. Par leurs petites dimensions, ses figures s’accor-dent admirablement avec l’exiguïté dé nos appartements modernes ; elles entrent dans le choeur des choses familières ; leurs cou-leurs chaudes et brillantes, leurs nuances souples et délicates s’harmonisent aux ra-mages des tapis, aux fleurs des rideaux, aux coulées des grès, aux bibelots de laque et d’or. Personne ne souhaite posséder les en-combrantes, les insipides statues de la plu-part de nos sculpteurs ; tout homme de goût désire au contraire, pour la joie de son esprit et de ses yeux, au coin le plus intime de sa demeure, l’une de ces fines images où revivent avec tant d’intensité les traits et fane des races exotiques. Car al. Théodore-Rivière est un péné-trant psyclffilogue. Il a d’ailleurs modelé d’ingénieux portraits, pleins d’aisance, d’es-prit, de naturel. Ces portraits sont des por-traits en pied et des statuettes encore. L’ar-tiste considère très justement que tout est significatif dans un individu, que l’aplomb du corps, le geste des bras, la façon de porter la poitrine et le s’entre — tout, de-puis le pli du gilet jusqu’à la cassure de la bottine — concourent à l’expression, ré-vèlent l’homme, ses pensées, son tempéra-ment et ses 111,21.117S. Il nous a présenté au dernier Salon un ensemble de silhouettes connues, sans raideur, sans pose d’aucune sorte, et qui constituent la plus piquante galerie contemporaine : Mistral, Roty, Pas-teur, Perrin, Armand Silvestre, le docteur Labbé. Il cache deux statuettes de M. Ma-riani, dont l’une, avec le feutre et la pèle-rine, est un chef-d’oeuvre d’observation. Il nous montrera bientôt, surpris dans leur attitude familière, l’orfèvre Lalique et le ministre Baudin. Il pourrait emprunter à M. Adolphe Brisson le titre de l’un de ses livres : Portraits intimes. Il déchiffre en effet tous les masques, perce tous les airs offi-36