1ANVIER 1902 BUSTE D’ENFANT sistent ni les palpitations, ni la saveur déli-cate de l’épiderme; comme elles nous font oublier aussi les piètres inventions des pré-tendus sculpteurs d’âme »; comme elles effacent encore certaines reconstitutions éru-dites qui n’ont pas le frisson de la vie: La curiosité de M. Théodore-Rivière n’est point en effet simple curiosité d’archéo-logue, mais curiosité d’artiste; avec les cos-tumes et les modes, elle restitue les formes du passé. Elle s’inquiète de la tiare et des pendeloques portées par Salamrnbô, des bra-celets d’une Ouled-Naïl, de la perruque blonde dont Messaline, au dire de Juvénal, masquait ses noirs cheveux pour courir, sous le nom de Lycisca, les lupanars de Rome ; elle poursuit avant tout, dans leur splendeur et dans leur grâce, et dans leur vérité eth-nique, la résurrection des corps. Elle échap-pera toujours par là au reproche de littéra-ture. « Je désire qu’un artiste soit lettré, dé-clare excellemment Baudelaire, mais je souffre quand je le vois cherchant à capter l’imagi-nation par des ressources situées aux extrêmes limites, sinon même au delà de son art. » Ces limites, je ne crois pas que le sculpteur les ait jamais franchies, sauf peut-etre dans Frei Angelico. Pendant que le moine florentin sommeille sur son échafaudage, un ange se tient à ses côtés, manie ses pinceaux, achève la fresque où flottera vraiment comme un reflet du ciel. Avec sa nervosité habituelle, M. Théodore-Rivière s’étonnait fan dernier devant moi que l’on n’eût pas goûté com-plètement cet ouvrage. Le motif m’en semble simple. Elle est sans doute charmante la légende de Giovanni de Fiesole; lisais son charme idéal se dérobe à la statuaire. Il y a de suaves, d’aériennes, de divines images qu’il ne faut pas fixer. Dans toutes ses autres oeuvres, empruntées pour la plupart à l’Orient, depuis Salammba jusqu’au Mur d’Alexandrie, inspirées aussi de notre histoire nationale, comme Charles VI et Odette, et de l’existence moderne, comme la Lutte et le Voeu, M. Théo-dore-Rivière a montré le plus grand tact. Chacune d’elles peut s’accompagner d’un vers de poème ou d’une phrase de roman, s’auréoler d’un souvenir littéraire, mais cha-cune d’elles porte en soi sa première raison 133 FRAGMENT DU a RETOUR DE MATH° A CARTHAGE>, FkMire et Go vignot (lie,» u Thiéba.) id. FIND ART DOC