L’ART DÉCORATIF Poussée par un urdre des dieux, la vierge est venue jusqu’il la tente du Lvbien. Il l’a reçue avec transport, étourdie de paroles tendres, puis menacée, puis bercée de mu, veau dam son éloquence somptueuse et naïve d’enfant barbare: a Ah! pardonne-moi! je suis un infatue, et plus vil que les scor-pions, que la fange et la poussière ! Tout a l’heure, pendant que tu parlais, ton haleine a passé sur ma face, et je me délectais comme un moribond qui boit à plat ventre au bord d’un ruisseau. Écrase-moi, pourvu que je sente tes pieds ! Maudis-moi, pourvu que j’entende ta voix ! Sc t’en va pas! Pitié! je t’aime ! je t’aime Il est à genoux devant elle, il l’étreint de ses bras musclés, il la brûle de sa flamme violente. Jamais peut-L’ARABI, AVEUGLE titre la sculpture n’avait exprimé pareille chose, dit si puissamment la fureur sensuelle, la chaleur d’un sang jeune et d’un corps vigoureux. Et la fille d’Hamilcar, avec son profil pur, sa poitrine élastique, ses bras souples comme des tiges, avec la langueur fléchissante de sa pose, elle égalait les plus belles créatures d’amour, elle symbolisait la plus magnifique volupté! La Volupté, Théodore-Rivière la fait palpiter, s’exaspérer, défaillir et renaître dans presque tomes ses œuvres: dans cette Vierge de Sunna», qui montre en écartant son voile la nudité glorieuse chantée par Salomon; dans la grace serpentine et Froide de cette Danseuse javanaise; dons toutes ces formes féminines, absolument nues, qui se pelo-tonnent, s’étirent, bombent leur croupe et leur gorge, déroulent leurs cheveux, nouent puis dénouent leurs bras énervés, comme devant le brasier d’im tepidarium; dans cette Messaline à Suburre qui débauche un centurion, écrase sur la cuirasse du soldat sa chair merveilleuse, mais déjà trop mûre, sa chair lourde. meurtrie, gonflée de sues brûlants, pareille à quelque fruit délicieux et mortel. La Volupté ! la volupté chaude et savante du monde ancien. la voilà, exquise-ment, offerte contre le Mur céramique. Vous vous souvenez de la coutume d’Almandrie, contée par Pierre Loups: «D’un hou: à l’autre de l’immense paroi blanche des inscriptions se succédaient, écrites en noir. Quand un amant désirait se présenter à une courtisane, il lui suffisait d’inscrire les deux noms avec le pris qu’il proposait; si l’homme et l’argent étaient reconnus dignes, la femme restait debout sous l’affiche en attendant que l’ama-teur revint…» Théodore-Rivière nous montre en cor endroit deux courtisanes d’Alexandrie, l’une enveloppée du chignon jusqu’aux pieds dans son peplos de laine; l’autre couronnée de nielles rosés, les mains derrière la tete, laissant sa robe couler sur le côté gauche et découvrir le ventre lisse, la hanche ronde, la sveltesse nerveuse des jambes croisées. Elles sont adorables_ les servantes d’A-phrodite, et leurs lèvres rouges aux coins arrondis, linirs narines frémissantes, leurs yl:11N longs, cernés promettent d’iné-puisables jois.s. Conon, ces jeunes et vi-brantes figures nous ehangunt des académies officielles, proprement ratissées et polies, figées dans des galbes convenus où ne sub-132 FIND ART DOC