L’ART DÉCORATIF dans les vitraux du moyen-âge. Si, pour des raisons d’exécution, une surface de trop grande étendue doit é re subdivisée, l’artiste le fait par l’intercalation d’un détail de dessin qui prête au plomb une signification naturelle, ou par une division régulière en rectangles, qui qua-drille quelquefois de grands pans au milieu de la composition. Pour ce qui est des principes artistiques, M. Paterson ne se rallie en aucune façon au parti radical de l’art nouveau. Il ne se rattache pas au groupe des artisans d’art de Glascow, de ce groupe qui depuis quelques années, appelle l’attention sur l’Ecosse, et fait entrer dans le mouvement de l’art décoratif ce pays où le puritanisme et le romantisme sont si étrange-ment associés. Il se tient même ostensiblement à l’écart de ce petit cénacle, menant une vie retirée, évitant la société, et préférant l’art et la science pour compagnie. Il affectionne la littérature allemande, qu’il connaît à fond, et aime à lui emprunter ses sujets.. Pour ces derniers, il préfère l’objectif, les légendes, par ci par là un motif héraldique; mais quels qu’ils soient, il les veut racontant quelque histoire, dont il nous donne le sens à méditer par des devises inscrites sur la composition. Le monde des légendes de Grimm est celui de ses pré-dilections. En dépit de ces tendences roman-tiques, M. Paterson est un artiste très-moderne, et ses vitraux prouvent que pour l’être, il n’est pas absolument nécessaire de faire fi de tout ce que les lettres et les arts avaient amassé avant nous. H. 5IUTHESIOS (LONDRES) M. HANS THOMA Agé de soixante ans, M. Hans Thoma, après avoir passé la plus grande partie de sa vie dans l’obscurité, apprécié seulement de quelques amis, est devenu depuis quelques années un des peintres les plus populaires de l’Allemagne. Originaire d’un village de la Forêt-Noire, il a fortement imprégné toute son oeuvre de l’esprit de ce pays, c’est-à-dire de l’esprit de l’Allemagne d’autrefois, simple, familial, chan-tant des lieds, se complaisant aux légendes, au merveilleux. Ses tableaux sont — suivant l’ex-pression d’un écrivain allemand et d’un de ses plus chauds admirateurs, M. O. J. Bierbaum, —«l’âme du lied populaire en couleurs,. Ni les études classiques, ni le séjour à Paris, ni la vue de l’art antique en Italie, ni le réalisme contemporain de sa jeunesse n’ont pu laisser d’empreinte sur lui; fils de la Forêt-Noire il est né et tel il est resté. Aussi, pour ses coin patriotes, M. Thoma représente l’esprit allemand dans son côté intime; il est le poète qui fait revivre à chacun les rêves de son enfance, et sa tardive popularité est facile à comprendre. M. Thoma ne se pique pas de grande habilité ; le côté t métier’, de la peinture a toujours été le moindre de ses soucis; néanmoins sa sim-plicité, qui va parfois jusqu’à l’incorrection, suffit très-bien à sa e poésie en couleurs s tan-tôt lyrique, tantôt intime. En revanche, il possède un sens très-fin de la couleur, sens d’autant plus remarquable qu’il est peu commun en Allemagne, et qu’il semble non inné, niais acquis chez M. Thoma, car ses oeuvres de jeunesse en étaient dépourvues. Beaucoup de ses oeuvres ont même, par la couleur, des tendances décoratives marquées, qui se mani-festent aussi dans ses cadres, ornés de bordures florales en deux ou trois tons bien choisis, ou d’autres décors dans lesquels sa nature lyrique perce par quelque allégorie émergeant d’or-nements linéaires. Dans les dernières années, M. Thoma abordé la lithographie. La simplicité de pro-cédés de cet art convient à merveille à son tempérament; aussi y a-t-il réussi de suite. Ses oeuvres dans ce genre n’ont pas peu con-tribué à lui donner la popularité dont sa vie retirée, loin des cénacles d’artistes, l’avait long-temps privé. Le goût de M. Thoma pour la décoration l’a conduit de bonne heure à de petits travaux d’art appliqué. Ces travaux n’étaient qu’une récréation à ses yeux, et les objets qu’il façonnait n’étaient destinés qu’à son propre usage ou à des présents pour ses amis. C’étaient des poteries, des coffrets peints, des cartons de broderies, des dessins d’ex libris, des projets de reliures et de couvertures de livres. La célébrité venue, et les commandes avec elle, M. Thoma s’est vu assailli aussi de demandes de travaux d’art appliqué. Il en a fait quelques-uns ; mais à son âge, on n’embrasse pas volon-tiers une nouvelle carrière; aussi est-il avare d’oeuvres de cette sorte. Il n’était néanmoins pas indifférent de mon-trer par quelques specimens comment un artiste si personnel les entend. On ne peut dire qu’elles répondent aux idées nouvelles sur l’art appliqué; M. Thoma y reste poète et voit surtout pré-texte à peinture; mais elles n’en portent pas moins la marque du talent. R. 163 eefeeeei-.A0