DÉCEMBRE HO! CHRONIQUE TRÈS INTÉRESSA N TE RÉUNION crceuvres peintes et sculptées au siège de l’ American-Art-Association, 2, impasse de Conti. Mieux que des promesses, beaucoup mieux, bien que ce soit là une exposition d’étudiants-artistes. J’ai compté au moins cinq ou six talents qui réalisent déjà avec originalité, avec accent ; et l’ensemble ne comporte aucune tare, aucune platitude, ce qui est bien rare dans un Salon, petit ou grand. Un portrait tout de charme délicat, peint avec grâce, dans une jolie note claire, par M. Steichen, est ce qui m’a séduit le plus. Du même auteur, une Communiante, symphonie en blanc et vert tendre, où se retrouve le même charme. M. Haskell, qui porte un nom déjà connu, expose aussi deux silhouettes féminines, l’une largement peinte, l’autre spirituellement litho-graphiée. Encore de bonnes et solides études, celles de M. Dufner et de M. Garrido. M. Herbert W. Faulkner avec des vues de Venise, M. Georges C. Aid avec des vues d’Orient, M. F. A. Bridgman avec une toile d’inspira-tion algérienne, égayent les salles de leurs tona-lités claires, de leurs lumières somptueuses et de leurs ciels sans nuages. M. Lionel Walden est, au contraire, le peintre des nuits, des s Moon rires et des ciels sombres, reflétés sur les profondeurs opaques de l’océan. Des paysages harmonieux, peints avec douceur et poésie ; la Vanne de Mon-ligny, le Moulin de Montigny, par M. Albert Gihan ; Après l’orage, de M. Clarence M. Gihan ; un joli Lever de lune, de M Dongherty, et enfin des aspects de Paris finement observés et rendus de M. F. C. Frieseke, complètent cet ensemble har-monieux, d’une tenue parfaite et d’une valeur incontestable. Quelques sculptures méritent aussi d’être citées, parmi lesquelles un buste de M. Marcel Schwob, par M. Spicer-Simson, et d’autres curieux por-traits par MM. John Flassagnan, Mielxisser et Hans Schuler. E. S. LA PREMIÈRE EXPOSITION des Arts du Foyer, consacrée à l’orfèvrerie, a eu lieu pendant novembre dans le salon de la Plume, 3t, rue Bonaparte. Elle était telle que l’avaient souhaitée l’excellent directeur de cette Revue, M. Karl Boès, et l’organisateur M. Charles Saunier, critique in-fatigable, joignant au plus riche savoir la curio-sité la plus vive, le sens le plus aigu du moderne. Elle pèche tout de même un peu par le nombre. On aime, ait y voir quelques hommes dont l’effort a marqué dans l’embellissement de l’objet usuel, le puissant et savoureux Baffier par exemple. Quoi qu’il en soit, la réunion est choisie, instructive et, selon le voeu de M. Ch. Saunier, permet d’en-visager les nécessités et la loi du genre, d’en dé-mêler les convenances ornementales. Voilà des brocs, des bols, des sucriers, des théières, des timbales, des assiettes et des bibe-lots de petite orfèvrerie. Tout cela révèle du soin, de l’ingéniosité, un souci constant du nouveau. Tout cela prouve aussi certaine absence de ré-flexion et de « doctrine». Je l’ai dit maintes fois dans ces pages, l’art se lie intimement à la logique. Un objet doit d’abord répondre à sa fonction; c’est du parfait accord de sa forme avec cette fonction que naît l’impression de beauté. Malheu-reusement la plupart des sculpteurs méconnaissent les règles de l’adaptation. ils ne songent point à la chose même, à son rôle pratique; ils se préoc-cupent seulement de son décor. Ce décor, est en conséquence, souvent parasite. Nous voyons, sur le bord des plats, des branches jetées au hasard, et, contre le flanc des soupières, des nymphes et des faunes suspendus. Nous ne concevons entre l’objet et l’ornement aucune relation nécessaire. Les feuilles de platane ornant les cuillers à thé de M. Maurice Giot nous apparaissent comme d’élé-gantes découpures et les lampes électriques de M. Léo Laporte ne sont que des jouets ingénieux. La fantaisie guide Jules Desbois dans la création de ses délicieux étains, avec d’ailleurs un souvenir embaumé de la « Renaissance o. La fantaisie ins-pire à Pierre Roche cette théière à forme de têtard o, ce broc surmonté d’une grenouille digne de figurer parmi les accessoires d’un cabinet d’al-chimiste, sur la table du docteur Faust. Quelques artistes cependant obéissent à la lo-gique. C’est ici Marcel Cartier, dessinateur de l’orfèvre Linzeler, dont le pichet et la théière sont très bien conçus, avec leurs panses de grès qu’entourent des armatures d’argent. Le métal accuse les lignes, affirme la volonté ‘archit’ecturale. C’est encore et surtout le sculpteur d’étain Louis Boucher. Au mois d’août dernier, parlant des objets d’art aux Salons, j’ai eu la joie de saluer les oeuvres de ce jeune maitre. Elles sont vraiment très nobles, très saines, très pures. Elles ont sur celles qui les environnent la supériorité des choses longuement mûries, faites sous l’incessant contrôle de la raison et du goût. Nous ne retrouvons pas la lampe, réalisation totale d’une formule esthétique, acquise par M. Pierre de Bouchaud. Mais nous voyons de nouveau les deux gobelets et la buire. Des formes simples, imposées par la stricte né-cessité, des profils nets, une élégance presque nue; avec cela le sourire, la grâce sensible de la vie! La vie résulte en effet de la bonne organisa-tion, de la proportion des organes, de l’équilibre, de l’harmonie. M. Louis Boucher a étudié les plantes des jardins et des ,champs. Il a vu com-ment les formes se développent, se transforment les unes dans les autres, par quelles transitions et quels souples passages. Il a donné à ses oeuvres, inspirées de telles formes, le rythme inférieur, 125