DÉCEMBRE 1901 \ (r,:«710 ,.., po, I. ■.1,1.1ONNE Il y a un bel avenir, sans aucun doute, pour le fabricant résolu qui, comprenant ainsi son rôle d’éditeur, trouvera pour le tissu l’équi-valent de ce que sont en librairie les Sienkie-wicz, les Zola, les Rostand, et quelques autres. Mais il ne semble pas, malheureusement, que nous soyons près de voir cette conception se réaliser, marne dans des proportions très ré-duites. D’une enquête que nous avons faite avec autant de soins que de discrétion, il résulte clairement que nos meilleurs artistes, les plus originaux, les plus capables de caractériser la production française, ne trouvent qu’a l’étran-ger, en Allemagne surtout, des débouchés sérieux. Le fabricant français, considéré en masse, apparaît encore maintenant fort timoré, hésitant devant toute inspiration qui s’écarte trop de sa production habituelle; il s’en tien-drait volontiers aux semis, aux guirlandes, aux puérilités ressassées un peu partout depuis 1840, et n’a même pas autant d’originalité que ces fabricants de toile de Jouy qui, sous la Terreur, et pour se conformer à l’actualité tra-gique d’alors, choisissaient leurs motifs décora-tifs parmi des gentillesses comme la guillotine, la Bastille ou la table des droits de l’homme. Notre fabricant d’aujourd’hui traite volontiers d’allemand tout ce qui, en décoration, se pré-sente comme un peu osé, comme un peu neuf de style et de couleur; cet adjectif: allemand, se dit encore en France avec une intention mé-prisante qui n’empêche pas, hélas! les Alle-mands d’être à peu près seuls en beaucoup d’endroits où nous pourrions, nous autres Français, être à côté d’eux, sans rien leur devoir ni leur emprunter. Bien que le présent article n’ait pas été conçu, dans notre pensée, pour rendre compte de l’Exposition de Rouen, fermée, du reste, depuis deux mois, nous ne l’achèverons pas sans ajouter quelques citations encore : des tapisseries de Grasset, de Bellery-Desfontaine, de Ranson, des tentures murales de large et harmonieuse composition, par M. Préaubert, les belles et riches étoffes de l’Art Nouveau Bing, un curieux paravent de M. Bonvallet, et enfin quelques travaux des élèves de l’École des Beaux.Arts de Rouen, parmi lesquels ceux de M. Georges Paulme et de MM. Lecomte et Bradberry, se distinguaient par une originalité riche de promesses et d’avenir. Ces exemples, choisis à dessein dans des genres de tissus très divers, suffisent à établir lut W. LOVATELLI CARTON POUR CRETONNE